13ième jour en Inde. Le but de cette journée était de rejoindre Agra depuis Jaïpur, en visitant Abhenari (le superbe baori que l’on voit fréquemment sur internet) et Fatehpur Sikri. Journée avec beaucoup de temps de trajet donc, mais nous préférions faire la visite de Fatehpur Sirki la veille de la visite d’Agra (on peut aussi le faire dans la même journée), car cela nous laisserait davantage de temps pour visiter Agra.
Le chauffeur nous arrête sur l’autoroute juste devant un temple plutôt associé à l’Inde du Sud (le Temple de Dausa, appelé , si nous avons bien compris. En gros, un temple hindou très coloré, un peu comme celui qu’on voit à Victoria aux Seychelles. De la couleur partout, ce qui est rare sur les temples d’Inde du Nord (c’est d’ailleurs le premier qu’on voit comme ça). Jusque là les temples que l’on a vu en Inde étaient monochromes, en marbre blanc ou en grès rouge.
Nous continuons ensuite la route vers Abhaneri, afin de voir le Chand Baori (et le Harsha Mata Temple, juste à côté). Alors il faut noter que sur la route vers Abhenari, c’est là que nous avons vu sans doute le plus de véhicules curieux. Je ne résiste pas à l’envie d’en mettre pas mal de photos ici.
Dans le Chand Baori, un gars d’une cinquantaine d’année commence à nous montrer le temple et à nous expliquer un peu l’histoire du lieu. Puis nous propose de nous prendre en photo quand on se prend tous les deux… évidemment, pour ensuite nous demander un tip ! Alors qu’on n’avait rien demandé. Donc on lui dit non, mais c’est énervant d’avoir à dire non à tout le monde alors qu’on n’a rien demandé.
On se fait emmerder par des jeunes indiens, qui font un peu les zonnards dans le lieu. Ils nous suivent partout, regardant avec insistance Caroline. Sans aucune gène, même quand je les regarde fixement pour leur montrer que je les ai bien vu, ils ne détournent pas du tout le regard. Ils rigolent entre eux, se parlent (en hindi). Ils ne parlent pas anglais, donc j’ai beau essayer de leur faire comprendre qu’ils sont lourds et très impolis, ça ne change pas grand chose… Ben oui, dans beaucoup de monuments, les prix d’entrée pour les indiens sont très bas (afin que les indiens puissent les visiter), donc on trouve « de tout » dedans. Là, en plus, c’était gratuit, alors les jeunes du coin venaient pour attendre que des européens viennent et qu’ils puissent mater.
C’est un peu énervant cet aspect de la société indienne qui sépare perpétuellement les femmes et les hommes (les mariages arrangés sont encore la quasi totalité des mariages). Donc ça fait une population de d’hommes frustrés, limite pervers, qui sont tout le temps entre eux (des hommes qui vivent entre eux, font tout ensemble, moi j’appelle pas trop ça des hétéros, mais c’est mon point de vue).
En sortant du baori, on commence à être énervés par ces jeunes (qui nous ont suivi jusqu’à la voiture), et on dit au chauffeur de nous emmener en voiture au temple Harshshat Mata (même s’il est à 50m), afin d’essayer de les semer.
Dans le temple, on rencontre encore un autre groupe de trois jeunes, eux aussi reluquant Caroline, sans aucune honte. Je dis à Caroline de tenter elle aussi de leur montrer qu’ils sont très lourds, parce qu’elle n’ose rien dire du tout, et que de toute façon, ce que moi je leur dis n’a pas l’air d’être très efficace.
On revient dans la voiture du chauffeur en lui expliquant, et en lui faisant comprendre qu’on n’aime pas beaucoup ce genre de comportement. Il nous dit qu’il comprend, et que beaucoup d’Indiens ne voient pas beaucoup d’étrangers/européens, ce qui expliquent leur comportement.
On reprend la voiture pour se diriger vers Fatehpur Sikri. Encore une fois, c’est le festival des voitures bricolées et le concours de la voiture sur laquelle seront entassé le plus de gens.
Vers midi, le chauffeur s’arrête à un motel sur l’autoroute (on sent le truc à touriste). Lui va manger avec les autres chauffeurs (ils ont des prix pour locaux), et nous on regarde quels prix sont pratiqués par le restaurant. C’est excessivement cher (2 à 4 fois plus cher que les prix qu’on a l’habitude de voir).
Donc on ne mange rien et on se dit que l’on mangera en arrivant à Fathepur, soit dans moins de 2 heures.
En arrivant à Fatehpur, le chauffeur nous préviens qu’il nous conseille de prendre un guide, car à Fatehpur il y a beaucoup de gens qui proposent leurs services de guide et que ce ne sont pas les plus efficaces…
Nous lui disons que nous souhaitons d’abord aller au resto Hotel Ajay Palace. Mais il nous dit que les voitures ne sont pas autorisés dans le centre (ce qui est vrai), donc il nous trouve un tuktuk pour nous emmener là bas et revenir.
Le tuktuk nous emmène là bas (10 minutes de tuktuk, ça doit être de l’autre côté de la ville), et on découvre un minuscule hôtel qui fait davantage gargotte qu’autre chose, mais les prix sont très bas et il est recommandé par le Routard. On commande pas grand chose (à chaque fois qu’on commande grand chose, après on ne peut pas finir), mais le patron nous apporte en plus un chutney de coriandre, qu’il nous propose de goûter. Effectivement, son chutney est bon, mais méchamment épicé !
Les toilettes de l’hôtel sont en fait celles d’une chambre libre. Faut voir l’état de la chambre… Ça fait penser à ce qu’on avait vu quand on était allé dans le tour pour Chinois dans le Sichuan. Mais bon, là on commence à voir vraiment ce dans quoi vivent les indiens.
Pendant qu’on mange, le conducteur de tuktuk nous demande s’il peut partir pendant 5 minutes et revenir après (sachant qu’il était sensé attendre qu’on ait fini notre repas pour nous ramener). Je lui dis OK, car après tout, nous on n’aura pas fini de manger dans 5 minutes…
Evidemment, 20 minutes plus tard, il n’est toujours pas là… (et on commence à stresser)
Au moment où on va pour partir et payer, le conducteur ré-apparaît (ce qui nous rassure), mais sans son tuktuk, car il nous explique qu’un VIP vient actuellement dans la ville et que de fait, les tuktuk sont également interdits ! Ben tiens, il nous manquait plus que ça.
Le fils du patron de l’hôtel nous propose de nous ramener, mais en moto, ce à quoi je m’oppose en leur expliquant qu’on ne peut prendre qu’un tuktuk car Caro est enceinte. Lui aussi nous explique que c’est vrai, qu’il y a bien un VIP dans la ville et qu’on ne trouvera pas de tuktuk pour rentrer. Lui ne nous fera rien de payer de plus que ce qu’on avait prévu de donner au conducteur, et qu’il fera attention.
Donc on monte derrière lui sur la moto (on était donc à trois sur la moto… ou 3,5 si on compte le bébé). Reconnaissons qu’il a très bien conduit, et que finalement, même si c’est beaucoup plus dangereux que le tuktuk si il nous arrive quoi que ce soit, c’est quand même beaucoup moins tape-cul. En arrivant à côté du parking, on voit plein de policiers indiens partout (qu’on n’avait pas vu à l’aller) : l’histoire du VIP doit être vraie.
Nous voilà donc revenus au parking où nous attendait notre chauffeur. On remercie le fils du patron du resto.
Notre chauffeur nous présente alors un guide (on lui avait dit qu’on était d’accord pour en prendre un aujourd’hui : il ne nous en propose jamais, on s’est dit qu’il y avait peut-être une bonne raison de le prendre aujourd’hui), et on suit le gars qu’il nous présente pour marcher vers la forteresse de Fatehpur Sikri.
En fait, on n’accède à la forteresse que via des tuktuk (privés, cher) ou des bus du gouvernement (pas cher, et fréquents). Donc le guide nous emmène prendre le bus du gouvernement. Mais quand on arrive près de l’endroit où les bus partent, il y a une voiture du gouvernement, et le guide prend peur, nous dit d’y aller tout seul, en nous expliquant qu’il ne peut y aller car la police va interdire les guides à cause du VIP.
Bon, on se dit que c’est pas grave (de toute façon on n’a pas le choix), l’avantage c’est qu’on va éviter de payer un guide et que finalement ça nous fait économiser 200 roupies.
On prend donc le bus, qui nous emmène à la forteresse, comme il faut.
A l’entrée, on paye notre entrée, pas de problème. A l’intérieur, on commence rapidement à se faire embêter par des jeunes voulant nous proposer des trucs à acheter. Oui, en Inde il arrive que sur certains monuments ils laissent entrer des vendeurs à la sauvette. Mais surtout, ceux-ci sont très lourds (bien pires qu’ailleurs, et ils ne nous lâchent pas). On tente de le signaler à la personne qui contrôle un peu plus loin nos billets, mais à l’évidence, elle s’en fout.
En continuant la visite, on refusera une bonne quinzaine de fois des propositions de guides. Il y a des gars qui traînent dans le fort, et qui, dès qu’ils vous voient seuls, viennent vous proposer leurs services. Quelques fois, c’est plus sournois. On a vu comme ça un agent de sécurité nous « aider » à nous orienter, et nous montrer des endroits (quand on lui disait « no guide, no guide », il répondait « I’m not a guide, see, I’m security officer »), mais demandait quelques minutes plus tard un tip… Pareil pour le jardinier du lieu, lui aussi voulait se faire un peu d’argent en faisant le guide… C’est très vite lourd, de refuser à tout bout de chant les guides autoproclamés (sachant qu’ils n’hésitent pas à vous couper dans votre conversation ou votre lecture du Routard pour vous proposer leurs services, même si vous venez de refuser à un autre 10 secondes avant).
La visite du fort finie, on sort du lieu afin de visiter la Grande Mosquée d’à côté. Très belle, mais avant même l’entrée dans la mosquée, on se fait assaillir par des enfants, agressifs, qui nous demandent de leur donner les tickets d’entrée dans le fort (on imagine qu’ils doivent en faire des faux et les revendre, ou en faire quelque chose parce que c’est bizarre, ils demandent tous les tickets…). Très lourd, une fois de plus.
Dans la mosquée, en réalité il s’agit d’un lieu ouvert à base carré, de 100 mètres de côté, et entouré par des superbes murs d’art islamique. A l’intérieur, une grande esplanade, avec des familles… et donc des enfants qui continuent à demander qu’on leur donne les tickets d’entrée du fort.
Le Mausolée contenant la tombe de Salim Chisti
Nous visitons un mausolée contenant la tombe de Salim Chisti, à l’intérieur de l’enceinte de la mosquée, qui est un bâtiment d’art hindo-islamique, tout de marbre blanc. Dedans, on rencontre un photographe professionnel local qui, voyant nos appareils photo, nous permet de faire plein de photos et nous demande de les lui envoyer par mail (au moins on a plein de belles photos de l’intérieur !). Ce que je ferai à mon arrivée à Agra.
En sortant du mausolée, on rencontre un groupe de jeunes hommes qui veulent se prendre en photo avec nous. C’est un groupe d’indiens, dont l’un d’entre eux à un reflex d’entrée de gamme.
D’abord un des gars du groupe veut une photo avec nous deux. Nous, sympa, on accepte. Sauf qu’il ne se met pas à ma gauche (Caro étant à ma droite), il se met à la droite de Caroline… Et il se colle bien à elle, comme si je n’étais pas là. Le « photographe » du groupe prend une photo de nous trois. Puis une deuxième photo, où le gars du groupe qui prend des photos zoome avec son reflex sur Caroline et le gars !!! (vu qu’il n’a qu’un 18-55mm, il est obligé de s’avancer pour bien cadrer sur eux deux, donc c’est assez visible qu’il ne prend qu’eux deux). Je ne comprend pas très bien, ou plutôt je ne veux pas me rendre à l’évidence.
Et un deuxième gars du groupe veut la même photo (la zoomée !).
Je n’en crois pas mes yeux. Mais qu’est-ce qu’ils ont dans la tête ?? Donc je m’énerve, lui dit de me montrer les photos et de les supprimer. Je dois à moitié m’énerver et hausser la voix pour qu’il finisse par supprimer la photo qu’il a prise (et effectivement c’était zoomé sur Caro et l’indien). Mais bon, rapidement un attroupement se met autour de nous (classique, ici, j’ai l’impression), donc je m’extrais vite, et Caro et moi sortons de l’enceinte de la mosquée, énervés d’avoir vu des gens autant sans-gène.. Caro n’avait même pas vu que le photographe zoomait sur elle et l’autre indien… (même si elle s’est bien rendu compte que j’avais raison quand elle a vu la photo sur l’appareil du mec).
En ressortant de la mosquée, on tombe sur un tuktuk nous proposant de nous ramener au parking pour 50 roupies. Quand on lui dit que le bus, à 20 mètres, nous ramènera pour 5 roupies, le gars du tuktuk nous dit que le service de bus est arrêté à cette heure là, ce qui est faux d’après le Routard ! Ici ils n’hésitent pas à mentir (le Routard l’écrit bien pour Delhi, mais ne l’avait pas dit pour Fatehpur Sikri). Énervant de se faire mentir effrontément à tout bout de chant… Et évidemment, 20 mètres plus loin, il y avait bien un bus attendant les touristes pour les ramener au parking. On dans le bus : on n’a même pas à attendre 10 minutes car il était justement en train de partir.
Arrivés au parking, on raconte toutes nos emmerdes au chauffeur, en lui disant qu’on n’a pas trop apprécié l’ambiance. Déjà le matin, c’était pas top avec les zonards qui nous suivaient partout et mataient Caroline, mais là c’est encore pire ! Il nous dit qu’effectivement, il sait que dans cette région ils sont assez malpolis, et c’est pour ça qu’il nous avait mis avec un guide au départ, car il aurait éloigné tous ces « parasites » (je le cite). Mais il ajoute que c’est toujours comme ça, à Fatehpur Sikri comme à Agra, les gens sont très pauvres, pas éduqués, et la population est 100% musulmane, ce qui explique selon lui le fait qu’ils n’aient aucune manière. Pas sûr que ce soit lié à leur religion, mais c’est sûr qu’ils n’ont aucun scrupule avec les touristes. Ça gâche !
On repart vers Agra.
Arrivés à Agra, nous sommes dans un hôtel très haut de gamme, et pourtant… le wifi est payant, la chambre est basique (vieillotte), et la salle de bain fait « usée ». On sent qu’ils font durer le matos, sans forcément bien l’entretenir. Ils s’en foutent, à l’évidence, car les gens ici sont de passage, ils ne restent pas plus d’une nuit ou deux.
Les prix du restaurant de l’hôtel sont évidemment assez chers, et mettent en avant des burgers et un partenariat avec la chaîne de restauration rapide KFC. On sent que les américains sont la majorité des clients qu’ils doivent recevoir…
Mais bon, on n’a pas trop le choix (le Routard déconseille de prendre le tuktuk à Agra tant ils sont malhonnêtes), donc on se rend au restaurant de l’hôtel. Sauf qu’au moment de partir de notre chambre, notre porte ne ferme pas… Après plusieurs essais infructueux, on appelle le room service, qui essaie aussi… et fini par nous « upgrader » de chambre. La nouvelle chambre qu’on reçoit n’est pas beaucoup mieux, c’et toujours miteux, même si on sent qu’elle a été refaite il y a moins longtemps que l’autre (je dirais 10 ans au lieu de 20 pour la première).
Au restaurant, on ne prend qu’un plat chacun (+ deux boissons + un chapati + un papad + un kulfi), et on s’en tire pour pas si cher (827 roupies en tout), ce qui nous fait plaisir !
Par contre, dans cet hôtel, le wifi est payant (100 roupies/heure), donc comme ça fait 4 jours que je n’ai pas envoyé de nouvelles, je vais payer une heure.
Tous les billets de ce voyage :
- Inde du Nord, Jour 1 : Voyage Aller et Mandawa
- Inde du Nord, Jour 2 : Fatehpur Shekawati, Deshnok et Bikaner
- Inde du Nord, Jour 3 : La route de Jaisalmer
- Inde du Nord, Jour 4 : Jaisalmer et le désert du Thar
- Inde du Nord, Jour 5 : Le désert du Thar et Jodhpur
- Inde du Nord, Jour 6 : Jodhpur puis Ghanerao
- Inde du Nord, Jour 7 : Ranakpur et le Fort de Kumbalgarh
- Inde du Nord, Jour 8 : Udaipur
- Inde du Nord, Jour 9 : Udaipur – Chittorgarh
- Inde du Nord, Jour 10 : Bundi
- Inde du Nord, Jour 11 : La fête de Holi à Jaipur
- Inde du Nord, Jour 12 : Amber et Jaïpur
- Inde du Nord, Jour 13 : Dausa, Abhaneri puis Fatehpur Sikri
- Inde du Nord, Jour 14 : Agra et le Taj Mahal
- Inde du Nord, Jour 15 : Sarnath et Varanasi
- Inde du Nord, Jour 16 : Le ghat de crémation (Manikarnika) à Varanasi
- Inde du Nord, Jour 17 : Delhi, la Jama Masjid, le Fort Rouge et la Tombe d’Humayun
- Inde du Nord, Jour 18 : Delhi, le Gurudwara Bangla Sahib, le Jantar Mantar et le Qutub Minar