Réveillés à 7h00 du matin, nous sommes montés sur le rooftop du restaurant afin de prendre notre petit déjeuner. Le but de la journée était de visiter d’abord les temples Jaïns de Jaisalmer que l’on avait vu la veille en visitant la ville fortifiée (mais ils étaient fermés : ils n’ouvrent que de 7h à 12h), et ensuite d’être revenus avant la fin de matinée pour partir dans le désert du Thar via le tour organisé par notre hôtel.
Au petit déjeuner, on a pris des scramble eggs, et des toasts (très bons car bien grillés, pas mous comme la veille). Les scramble eggs étaient bizarres, mais on s’est rabattus sur les toasts.
A 8h00, notre chauffeur est donc venu nous chercher pour nous déposer un pied de la citadelle de Jaisalmer.
Il nous a dit de le rappeler quand on serait revenus, car il ne pouvait pas se garer là où il nous a déposé. En nous déposant, on a entendu un avion de chasse passer au dessus de Jaisalmer. On nous avait dit qu’ils s’entraînaient souvent (grosse présence militaire en face du Pakistan oblige), mais on ne les avait pas entendu du tout dimanche (jour de repos ?). En tout cas, lundi, ils ont commencé tôt !
Nous sommes montés aux temples Jaïns. Ils sont assez beaux, mais à chaque fois dedans il y a un « prêtre » qui souhaite qu’on laisse une « donation » (genre 20 roupies/personne), et nous n’avons pas forcément des petites coupures dans les poches. C’est d’ailleurs assez difficile en Inde de se procurer des petites coupures. Il faut faire du change auprès de personnes dans la rues, et évidemment ils ne nous donnent pas leurs meilleurs billets, mais plutôt ceux qui sont les plus abîmés (or, les billets déchirés sont assez mal appréciés).
Notons d’ailleurs que les femmes ayant leurs règles ne peuvent pas entrer dans les temples.
Sortis de ces deux temples, on n’a pas perdu de temps, et on est redescendus à l’endroit prévu pour appeler le chauffeur. Sauf que quand on l’appelait, ça ne sonnait pas, on avait un message en indien et puis ça coupait automatiquement l’appel…
J’ai demandé à un autre chauffeur qui attendait là de me traduire le message en indien (je lui ai fais écouter), et il m’a dit que le message disait un truc genre « la ligne de votre correspondant est occupée, veuillez rappeler ultérieurement ». Ca ne nous étonnait pas, car notre chauffeur est tout le temps en train de passer des appels quand on n’est pas avec lui (pourquoi pas, après tout, il fait ce qu’il veut tant qu’il est disponible quand on l’appelle). Donc on s’est dit que là il était une fois de plus en communication et qu’il n’avait pas le double-appel activé. Donc je lui ai envoyé deux sms disant de venir nous chercher, et… toujours pas de réponse ni de chauffeur en vue. L’heure continuait à tourner, et je me disais que, si ça continuait comme ça, on n’allait pas être à l’heure pour partir au tour dans le désert…
On a marché un peu plus en amont de là où il nous avait déposé, espérant le voir là, mais sans succès. Revenu au point prévu, on a encore attendu (le stress montait, pas un occidental à l’horizon, sachant qu’on était dans une ville assez grande, sans aucune idée de la façon de revenir à notre hôtel, qui était en dehors de la ville). Un autre chauffeur, nous voyant un peu stressé, nous a demandé si on attendait notre chauffeur, et nous a expliqué que le parking où le chauffeur attendait probablement était juste un peu plus en contrebas. Il nous a également proposé de l’appeler avec son portable quand je lui ai expliqué que celà ne fonctionnait pas avec le mien. Et ça a marché ! Ce chauffeur m’a ensuite expliqué que pour moi ça ne marchait pas car le portable dont je disposais (un portable donné par l’agence de voyage indienne) était sur le réseau Vodaphone, et que lui il était sur Airtel, et que Vodaphone ne fonctionnait pas bien dans la région car on était proche de la frontière avec le Pakistan… Enfin bref, notre chauffeur est arrivé, et nous a ramené à l’hôtel.
A l’hôtel, on a fait le checkout, puis nous sommes sortis prendre la jeep du chauffeur employé par l’hôtel. Le programme était de visiter d’abord les sites aux abords de Jaisalmer, puis d’aller dans le désert pour le tour de chameau. Avec nous, juste une dame, Mareva, tahitienne d’une cinquantaine d’année qui habite depuis 10 ans pas loin de Dreux ! Donc on était juste trois en plus du chauffeur et de sa jeep.
Le chauffeur nous a d’abord déposé à Bada Bagh : c’est un monument aux morts (cénotaphes) rappelant les maharajah (=rois locaux) de Jaisalmer, avec plein de petites coupoles sous lesquels on trouve à chaque fois une stèle parlant du roi. Ce serait en fait des tombeaux (davantage que des monuments aux morts), sauf qu’ils ne contiennent pas de corps, puisque les corps des rois ont été brûlé à Bénarès et jetés dans le Gange (comme le veut la tradition). Vraiment un beau site, même si la présence d’éoliennes gâche un peu le paysage. D’ailleurs, c’est ce qui frappe ici : y’a des éoliennes partout. Au moins, à Jaisalmer, pas de coupure de courant ! (contrairement à Bikaner)
Après être remontés dans la jeep, et avoir fait un peu de route, nous nous sommes arrêtés à Lodruva : il s’agit là d’un beau temple Jaïn, avec sur le côté, un trou d’où sort plusieurs fois par an un cobra royal, à qui ils donnent à manger. Et en face, un édifice bâti autour d’un arbre (aujourd’hui artificiel). On y a rencontré une famille d’indiens de Chennai (donc le sud de l’Inde), venus ici faire du tourisme. Très sympas, ils sont habitués à voir des français (car à Chennai et Pondichery, ils en voient beaucoup plus que dans le nord).
Après Lodruva, le chauffeur a roulé un bon quart d’heure avant d’arriver à Amar Sagar. Là, un avion de chasse (F105 armé, si j’ai bien reconnu EDIT : à moins que ce soient des Mig-27) a tourné au dessus de la zone pendant toute notre visite (il a du faire 5 tours). On a quand même visité Amar Sagar, qui est un joli jardin contenant des lauriers roses et des bougainvilliers avec un temple Jaïn au fond, et tout ça devant un lac asséché.
Dernière visite de la matinée, le chauffeur nous a emmené à Kuldhara, qui un village abandonné au XIXe siècle. Les habitants auraient tous quitté le village en une seule nuit (comme 84 autres villages) sous la menace de représailles de la part du maharajah de l’époque s’ils ne payaient pas ses impôts (plutôt tyrannique, ce maharajah, il se fait d’ailleurs assassiner par son peuple au bout de 12 ans de règne). Village intéressant car champs de ruine, avec au milieu trois grosses maisons restaurées, afin de comprendre comment ils vivaient à l’époque. Ils avaient même une cave/coffre fort dans une des chambres !
Sur notre demande, le chauffeur nous emmène à un des puits qui alimentaient en eau le village. Encore très bien conservé, il permet de voir un escalier au milieu du sable qui descend à une dizaine de mètres de profondeur. C’est rempli de pigeons qui n’aiment pas qu’on les dérange, mais ça fait très aventuriers de l’Arche Perdue !
La faim se faisant sentir, la jeep nous a enfin emmené à un endroit pour manger. Il s’agissait d’un point d’eau. Le chauffeur a alors sorti d’un carton une sorte de boite de conserve à plusieurs étages (une cantine ?), contenant le repas du midi. En gros du riz avec du Palaak Paneer (épinards au fromage de chèvre), du Dal aux lentilles (sauce relevée) et des pommes de terre, tout ça agrémenté de riz et de naans. C’était pas mal, mais froid et on n’avait pas de quoi se laver les mains… Embêtant quand on a passé le matin dans une zone désertique et qu’on est recouvert d’une fine couche de poussière. Mais admettons.
Il nous a servi dans des grandes plaques qu’il avait rapidement nettoyé avec des petites serviettes en papier juste avant.
Peu de temps après avoir commencé à manger, un groupe faisant un safari de plusieurs jours est arrivé au point d’eau en face de là où nous mangions, et les chameliers ont fait descendre les touristes des chameaux pour faire boire ceux-ci.
Puis ce sont des vaches sauvages qui sont venues au point d’eau, ont bu, puis sont reparties.
Quelques minutes plus tard, un troupeau de chèvres est arrivé, et est passé devant nous. En fait il s’agissait d’un troupeau emmené par un berger qui faisait passer ses chèvres également par le point d’eau.
Ayant fini de manger, le chauffeur a ramassé les assiettes et une fois que tout le monde n’avait plus besoin de rien, il a alors commencé à manger. J’ai l’impression que le troupeau de chèvre et le petit berger, qui avait une dizaine d’année, n’étaient pas là forcément par hasard, et qu’il savait qu’on serait là car le chauffeur a partagé son repas avec lui. Ils avaient l’air de se connaitre. L’avantage, c’est que pendant qu’ils mangeaient tous les deux, on avait les chèvres (avec des petits) qui tournaient gentiment autour de nous et venaient nous voir d’assez près. Mignonnes comme tout !
Après manger, on est reparti en jeep, et on est arrivé une petite demi heure plus tard au pied d’une énorme dune, dans un camps divisé en deux parties : une première partie en dur, de petites maisons autour d’une cour, et une deuxième partie composée de tentes. On a vite compris que la partie en dur était celle où les chameliers vivaient et organisaient les repas pour les touristes, et les tentes étaient dédiées aux touristes dormant là (nous, donc). Des énormes tentes, ressemblant davantage à des maisons qu’à des petites tentes Quechua.
Comme il était assez tôt dans l’après midi, les hôtes nous ont dit d’attendre là et de nous relaxer, attendre que le soleil baisse avant de partir pour le tour en chameau, ce afin de se rendre au Sunset Point (pour voir le coucher de soleil depuis les dunes, en gros). Il faisait une chaleur écrasante, avec un vent soulevant et ramenant de la poussière un peu partout.
Un peu avant 5h, les chameliers ont équipés les chameaux qui attendaient dans un champs à côté. Amusant car les chameaux pestaient en continu : ils ne devaient pas avoir envie d’être montés !
Comme j’avais demandé, Caro a fait un essai sur un chameau, elle est juste montée, on a pris des photos, et elle est redescendu. Elle nous a dit que effectivement elle ça lui dirait sur les abdos, donc sur le ventre, et du coup on a préféré qu’elle ne fasse pas le tour avec nous, mais qu’elle nous rejoigne au sunset point avec le chauffeur et la jeep.
Pour ma part, je suis monté sur le chameau, et Mareva sur un autre chameau (Caro ne pouvant pas venir car enceinte). L’équipée était simple : un chamelier marchait devant en tenant les rênes du premier chameau (sur lequel j’étais), et le deuxième chameau avait ses rênes attachés au premier chameau (Maréva était dessus). Le tour nous a emmené sur les dunes, en gros on a fait un ou deux kilomètres dans les dunes, où l’on a vu plusieurs gazelles, pleins de trous de souris, et de belles dunes (j’ai appris qu’en fait les déserts avec dunes sont finalement assez rares sur la terre).
Arrivés au Sunset Point, Caroline n’était pas là, mais progressivement, d’autres chameaux venant du même camps que nous sont arrivés. Caro n’étant pas là (mais le coucher de soleil n’étant que 30 minutes plus tard), Mareva et moi avons fait pas mal de photos dans les dunes, avec les chameliers et leurs aides, habillés pour certains traditionnellement (en habit blanc avec turban orange).
J’ajoute que sur le chameau, le plus dur n’est pas quand il marche : c’est même à mes yeux beaucoup plu facile qu’un cheval. Par contre, ce qui est un peu compliqué, c’est quand il se relève et s’assoit (on monte dessus une fois qu’il s’est assit par terre).
Bref, après avoir joué avec les dunes pendant une petite quarantaine de minutes, Caro n’était toujours pas là, et je commençais un peu à m’inquiéter. En demandant aux chameliers où elle était, ils ont appelé au camps pour leur dire que c’était la bonne heure pour venir, et ils sont arrivés au bout de quelques minutes (on était vraiment pas loin du camps en fait, genre 5 minutes en voiture).
On a pris quelques photos du coucher du soleil (pas le plus joli que j’ai vu, mais bon), puis l’idée était de rentrer au camps, avant la tombée de la nuit. Comme notre tour en chameau n’avait vraiment pas été violent, Maréva a dit à Caroline que si elle voulait, elle pouvait prendre sa place dans la jeep et a proposé à Caroline de refaire un essai pour monter sur le chameau, mais très lentement, pour voir si elle pouvait quand même en faire un peu. J’avoue que ç’aurait été dommage de venir jusque là et de ne pas en faire ! Et en montant à l’arrière du chameau de Maréva (il y avait deux places sur la selle), en se tenant à la fois à l’avant et à l’arrière, Caro a pu monter sans faire travailler ses abdominaux. Et ça ne lui a pas fait de mal ! Donc on est rentré au camps, Caro et moi, en chameau. Bilan : Caro a fait 20 minutes de chameau, et revenue au camps, ça ne lui faisait pas mal du tout !
Après être revenus, les chameliers nous ont servis un repas dans la courette, et en parallèle des chanteurs indiens nous ont fait un petit concert (truc à touriste, évidemment). Mais bon, ils avaient une espèce d’instrument qui ressemble à un mix entre un piano et un accordéon, et j’ai pu en faire un peu, en leur jouant 2-3 morceaux (comme la Marseillaise, qu’ils connaissaient !), ça a eu l’air de leur plaire beaucoup.
Après on est allé se coucher, mais ils proposaient de nous faire dormir à la belle étoile ! Comme on avait le choix, j’ai demandé si à la place je pouvais dormir dans une des tentes (j’avais peur qu’il fasse assez froid la nuit dans le désert). Ils ont accepté, et ça m’arrangeait bien, car dans les tentes, au fond, il y avait un compartiment « salle de bain » avec une douche, un WC et un lavabo. Je préférais ça ! A l’arrivée j’ai quand même mal dormis car j’ai oublié de demander des couvertures supplémentaires, et on a eu froid toute la nuit (la température descend vers 15°C assez rapidement).
Tous les billets de ce voyage :
- Inde du Nord, Jour 1 : Voyage Aller et Mandawa
- Inde du Nord, Jour 2 : Fatehpur Shekawati, Deshnok et Bikaner
- Inde du Nord, Jour 3 : La route de Jaisalmer
- Inde du Nord, Jour 4 : Jaisalmer et le désert du Thar
- Inde du Nord, Jour 5 : Le désert du Thar et Jodhpur
- Inde du Nord, Jour 6 : Jodhpur puis Ghanerao
- Inde du Nord, Jour 7 : Ranakpur et le Fort de Kumbalgarh
- Inde du Nord, Jour 8 : Udaipur
- Inde du Nord, Jour 9 : Udaipur – Chittorgarh
- Inde du Nord, Jour 10 : Bundi
- Inde du Nord, Jour 11 : La fête de Holi à Jaipur
- Inde du Nord, Jour 12 : Amber et Jaïpur
- Inde du Nord, Jour 13 : Dausa, Abhaneri puis Fatehpur Sikri
- Inde du Nord, Jour 14 : Agra et le Taj Mahal
- Inde du Nord, Jour 15 : Sarnath et Varanasi
- Inde du Nord, Jour 16 : Le ghat de crémation (Manikarnika) à Varanasi
- Inde du Nord, Jour 17 : Delhi, la Jama Masjid, le Fort Rouge et la Tombe d’Humayun
- Inde du Nord, Jour 18 : Delhi, le Gurudwara Bangla Sahib, le Jantar Mantar et le Qutub Minar
Ah le désert du Thar… Une de mes plus belles nuits quand, réveillé par des bruits d’insectes vers 3 heures du matin, j’ai vu devant moi un spectacle avec des millions d’étoiles… Un merveilleux souvenir.
Tes photos sont superbes ! Qu’utilises tu pour obtenir cet effet « fish eye » ?
@Botizok : Bonjour ! En fait c’est un objectif 10-17mm Fish Eye, donc c’est l’objectif de l’appareil reflex de ma femme qui fait ces photos là.
Merci pour la réponse, ces objectifs coûtent cher mais le résultat est splendide.
@Botizok : Oui en soit ces objectifs ne sont pas donnés (300€ je crois), mais ils sont moins chers que les objectifs grand-angle corrigés (car la correction par lentille coûte très chère), qui valent eux 700/800€. Et puis, assez peu de gens aiment les photos en fish eye (j’en fais partie). Beaucoup de gens préfèrent les photos non déformées…
En effet peu de gens aime ce genre de photo, mais moi oui ! ^^ Après j’ai une amie qui utilise une boule qu’elle met devant l’objectif pour obtenir le même effet mais je n’ai jamais réussi à m’en servir.