F-Secure Corp : analyse de la stratégie pour l’évolution future de l’entreprise

De la même façon que j’ai déjà fait deux documents d’analyse sur les situation de Google et Amazon, j’en ai eu un à rédiger sur celle de F-Secure, dont je vous donne le contenu ci-dessous. Avant toute chose, les questions que j’ai décidé de poser et auxquelles j’ai ensuite répondues font suite à un document de la Harvard Business School que vous pourrez acquérir ici.

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Voilà les quatre questions que j’ai posées :

  • Comment F-Secure pourra, dans le futur, maintenir sa place de leader des solutions de sécurité sur le segment des FAI ?
  • La position acquise par F-Secure et le rythme d’innovation adopté suffiront-ils à assurer la position de l’entreprise sur les 5 prochaines années ? A quoi ressemblera le marché d’ici 5 ans ?
  • Le modèle de Saas sera-t-il encore viable d’ici 5 ans ? Le modèle de retour sur investissement est-il le bon ? Où doit-elle adopter un modèle publicitaire, comme Google ?
  • F-Secure doit-elle investir le marché des smartphones ? Si oui, les clients seront-ils prêts à payer deux solutions séparées de protection informatique (une pour leur ordinateur, une autre pour leur smartphone) ?

Le contenu du document rendu est le suivant :
Comment F-Secure pourra, dans le futur, maintenir sa place de leader des solutions de sécurité sur le segment des FAI ?

F-Secure a acquis un bon carnet d’adresse en terme de partenariats avec les FAI, et donc en terme de clients. Cela fait donc un certain nombre d’utilisateurs connaissant le produit, et donc une certaine proportion de ceux-ci ayant confiance dans celui-ci, et prêt à renouveler leur achat de services.

De surcroît, l’offre avec les FAI étant ainsi faite que la résiliation de son abonnement à F-Secure est difficile, car très liée à son abonnement au FAI, on peut considérer que F-Secure a une base nombreuse, mais également solide, de vecteurs de revenus. Le futur proche de F-Secure n’est donc pas, a priori, un problème. Par contre, et les dirigeants de F-Secure en sont bien conscients, la place de leader des solutions vendues via les FAI peut être remise en question, notamment par l’arrivée de la concurrence, qui a vu en ce moyen une opportunité facile de trouver de nouveaux clients.

F-Secure s’est déjà prémunie de ce genre de retournement : la société a prévu que les FAI auraient pu aller voir la concurrence pour lui proposer un partenariat plus compétitif, et donc elle a dès le début proposé des prix attractifs pour les FAI, et ceux-ci semblent satisfaits du partenariat. Les entreprises proposant des solutions de sécurité concurrentes vont donc avoir du mal à investir le segment des FAI, autant sur le plan des prix à consentir avec les FAI, que sur le plan de la mise en place d’un réseau de commerciaux et d’un carnet d’adresse.

Par contre, il est peu probable que les FAI se détournent des partenariats avec les fournisseurs de solution de sécurité : ils apportent des gains supplémentaires, qui ne sont pas négligeables alors que les prix des abonnements ADSL diminuent progressivement.

Finalement, la seule vraie menace qu’aurait F-Secure, serait un désintéressement de l’offre par les clients, qui n’en auraient plus besoin.

La position acquise par F-Secure et le rythme d’innovation adopté suffiront-ils à assurer la position de l’entreprise sur les 5 prochaines années ? A quoi ressemblera le marché d’ici 5 ans ?

F-Secure a une position qui n’est pas celle de leader, mais d’acteur important sur le marché, d’acteur reconnu en termes de qualité et de sérieux. Sur les 5 prochaines années, les prévisions annoncent une augmentation encore plus forte des activités illicites en ligne, et donc un besoin soutenu en terme de sécurité informatique. Mais la réponse apportée par F-Secure peut devenir obsolète, si un acteur vient sur le marché en proposant une offre plus attrayante ou moins chère pour les clients.

Les dernières évolutions du marché font état d’une part de l’arrivée des solutions proposées par les fournisseurs de système d’exploitation, avec le produit Microsoft Security Essential, plus ou moins gratuit, mais ayant l’avantage d’être déjà installé chez le client, et fournit par le même éditeur que le système d’exploitation (donc avec un avantage déterminant). Reste donc : soit concurrencer les solutions déjà existantes sur les autres systèmes d’exploitation, soit proposer une solution complète vraiment meilleure (ou complémentaire) à celle fournie par Microsoft. Il faut noter également que Apple, qui fournit à l’heure actuelle l’OS numéro 2 dans le classement des OS les plus utilisés, ne propose pas de solution de protection, alors que les attaques contre cet OS se multiplient. C’est donc un secteur à prendre.

Enfin, la sécurité informatique est très liée à la qualité des logiciels utilisés, ou tout du moins à leur quantité de failles : ainsi, la mise à jour des logiciels (système d’exploitation et navigateur notamment) fournie déjà une très grande partie de la protection nécessaire à une personne ayant une utilisation moyenne (très grand public) de son ordinateur. La consultation des mails étant de plus en plus faite directement sur internet (via les webmails), les clients natifs de mail (comme Outlook ou Thunderbird) deviennent de moins en moins utilisés, et donc les solutions de protection des mails ne sont plus utiles (ou du moins elles sont moins un argument de vente). De même pour les solutions de Firewall : les OS actuels fournissent des outils de rapport instantané des logiciels voulant communiquer avec l’extérieur, et donc les solutions de Firewall sont moins attrayantes pour les clients.

Un marché non encore investi par les éditeurs de système d’exploitation est celui de la sauvegarde sécurisée et démunie de toute menace de sécurité : Microsoft n’en propose pas, et Apple (avec sa TimeMachine) ne fournit pas de solution de sécurité associée. En d’autres termes, le secteur de la sauvegarde de données (déjà occupé par Symantec Norton Ghost) est peut-être le futur secteur à investir massivement pour les sociétés éditrices de solutions de sécurité.

Le modèle de Saas sera-t-il encore viable d’ici 5 ans ? Le modèle de retour sur investissement est-il le bon ? Où doit-elle adopter un modèle publicitaire, comme Google ?

Fournir un logiciel de sécurité peut-il être viable d’ici 5 ans ? La réponse a apportée est certainement positive, dans la mesure où l’essence même de la sécurité est la mise à jour continuelle des réponses aux menaces. Maintenant, cela ne signifie pas forcément que le modèle de paiement doit se faire sous forme d’abonnement.

Les solutions de protection payantes ont à l’heure actuelle à faire face à la concurrence de solutions gratuites telles qu’AVG ou Avast, qui satisfont beaucoup d’utilisateurs (car elles sont gratuites), mais réduisent d’autant le nombre de potentiels clients à des solutions telles qu’F-Secure. Les solutions gratuites fonctionnent sur un modèle de Freemium, c’est-à-dire de sécurité gratuite, donnant lieu à des propositions de services supplémentaires payants (surtout à destination des professionnels). C’est un des modèles que pourrait adopter F-Secure : fournir la solution d’antivirus et de firewall gratuitement, et se servir de sa base d’utilisateur comme de prospects potentiels pour lui vendre des solutions de sauvegarde sécurisée (par exemple stockée de façon sécurisée sur les serveurs de F-Secure, ou bien des logiciels de sauvegarde de données telle que TimeMachine ou Norton Ghost).

De même, certains logiciels de sécurité proposent une solution complète et gratuite, mais avec l’affichage de publicités régulières (à la manière de Google), en bas à droite, dans la barre des tâches. Ce système n’est à notre avis pas très bon, dans la mesure où les solutions de sécurité ont pour but de protéger les clients des virus publicitaires : donc remplacer un virus publicitaire par une solution affichant de la publicité intempestive n’est pas très bon en terme d’acceptation par les clients.

F-Secure doit-elle investir le marché des smartphones ? Si oui, les clients seront-ils prêt à payer deux solutions séparées de protection informatique (une pour leur ordinateur, un autre pour leur smartphone) ?

Nous ne pensons pas que le marché des smartphones soit un marché ayant une grande possibilité de développement. D’une part car celui-ci est trop disparate (trop de systèmes d’exploitations différents, et donc trop grande difficulté pour répandre un virus), et d’autre part car la majorité de smartphones vont être équipés de systèmes d’exploitation basés sur des versions de Linux (pour Android, Symbian et Bada), ou Unix (pour l’iPhoneOS), qui sont des OS bien plus difficiles à attaquer que les Windows. On peut voir aussi que les applications de smartphones sont souvent déjà installées (OEM) à l’achat, et que les clients en installent très peu (donc il est difficile de les forcer à installer un nouveau logiciel), et que quand ils installent des logiciels, cela se fait très souvent via une place de marché unifiée et sécurisée (l’Apple Store pour Apple, l’Android Market pour Android, l’Application Store pour Samsung, l’App World pour Blackberry, etc).

Ensuite, il est peu probable que les clients acceptent de payer deux solutions de sécurité (une pour leur Smartphone, une pour leur ordinateur), car ils sont déjà beaucoup à aller vers des solutions gratuites pour leur ordinateur, donc il est peu probable que ceux-ci acceptent de payer sur leur smartphone (surtout qu’on a rarement vu des vagues d’infection des smartphones par des virus, justifiant l’adoption de solution de sécurisation).

Conclusion

La seule voie qui semble viable pour F-Secure, est de continuer à développer son réseau de clients via les FAI, et à terme de fournir une solution gratuite promouvant des services supplémentaires payants, tels que les sauvegardes sécurisées, ou encore la sécurisation de dossiers via des codes.

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