La consommation légale de musique « disparait » : où partent les consommateurs ?

Dans un article sur Numérama, j’ai découvert que 24 millions de consommateurs de musique légale avaient disparus. Ils ne consommeraient plus ni via les vecteurs « anciens » (les CD audios), ni via l’achat légal de musique « à la demande » (par exemple via Amazon, iTunes, etc). Pire, les chiffres du trafic P2P semblent indiquer que les 24 millions n’ont pas pu se réfugier dans le téléchargement illégal traditionnelOù sont-ils alors ? Pour ma part, j’ai bien une petite idée sur la question, que je vais donner ici.

Il semble acquis que l’on ne consomme plus la musique comme avant. Regardons alors de quelle manière nous la consommons. Si on considère que l’on n’écoute plus du tout la musique via les formats physique (qui écoute encore de la musique sur CD audio ?), alors la seule musique que l’on écoute est celle sur nos baladeurs audio, dont la majorité sont des iPods, qui passent par iTunes, et donc ça n’est pas là qu’il faut aller chercher.

On écoute également beaucoup de musique depuis notre ordinateur personnel, puisqu’on y passe beaucoup de temps. Et je crois que c’est bien là que sont partis les 24 millions.

Ces 24 millions se sont dit qu’il suffisait d’aller sur Youtube, Deezer ou Spotify (ou toutes les autres plateformes d’écoute gratuite de musique) pour profiter à loisir et sans limite de la musique. Si je regarde ma consommation, je constate qu’elle est très simple :

  • je n’achète jamais de musique (quitte à acheter quelque chose, je préfère me payer une place à un concert : l’ambiance y vaut son prix, et je suis persuadé que je rémunère mieux les auteurs)
  • je consomme la seule musique que j’écoute via Youtube, Dailymotion, ou plus rarement via Deezer.
  • quand j’ai besoin d’emporter de la musique, je la télécharge depuis Youtube/Dailymotion/Deezer (on trouve toujours un moyen, hein), puis la stocke sur mon ordinateur, et la transfère si besoin.

Mais je me sert de moins en moins de cette technique, dans la mesure où très peu de temps après avoir téléchargé tel ou tel morceau, je m’en lasse. L’avantage des sites de streaming réside dans le fait qu’ils « suivent » les tendances, et sont toujours prompts à proposer de nouveaux titres en fonction des recommandations des autres utilisateurs, qui auraient potentiellement les même goûts que moi.

Bref, au final, on voit bien une opposition :

  • dans le téléchargement légal ou illégal (tout comme dans l’achat de support physique), il y a une notion de durée dans le goût, de non-lassitude pour tel ou tel morceaux. En bref, on prend le pari que l’on va aimer assez longtemps ce que l’on acquiert (légalement ou non) pour que celà justifie qu’on prenne la peine de l’acquérir.
  • dans la consommation « en flux », on considère que la musique est une consommation qui correspond à un état d’esprit, et donc qu’elle est associée à des goûts qui sont par essence éffémères, et donc qu’ils ne valent pas la peines d’être achetés.

Par contre, je suis sûr que ceux qui ont déjà été à des concerts seront d’accord avec moi pour dire que l’ambiance y vaut très souvent le prix (même élevé) qu’on y aura payé, même si la durée est finalement assez courte.

[Photo CC]

6 réflexions sur « La consommation légale de musique « disparait » : où partent les consommateurs ? »

  1. Perso, ça fait bien longtemps que je n’ai rien acheté en terme de musique. Je n’ai pas l’oreille mélodique. Si je veux entendre du bruit harmonieux (aka musique) j’allume la radio. Et c’est rare. Je vois bien quand je prends ma voiture je préfère écouter France Info ou TSF Jazz car écouter de la musique est vraiment une consommation futile donc pas de justification pour y investir.

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  2. Salut,
    Je crois que ce que tu dis ne s’applique pas à la Musique.
    Et contrairement à ce que tu penses, beaucoup de gens écoutent encore des cds, les collectionnent et écoutent même des vynils !

    « il y a une notion de durée dans le goût, de non-lassitude pour tel ou tel morceaux » : pour moi, cette notion est prépondérante. Pourquoi continue t-on à écouter des disques sortis dans les années 50 et bien avant ?!

    Personnellement je suis adepte de la consommation de flux pour découvrir des artistes mais j’aime acquérir les disques pour conserver la musique physiquement. De plus, le fait de mettre un cd dans mon lecteur balise ma séance d’écoute. (je n’aime pas écouter la musique en « fond sonore »).

    A plus

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  3. Je consomme toujours de la musique sur support physique aujourd’hui. Je dois avoir environ 1000 vinyls, 350 CD, et je vais acheter un nouveau lecteur cette année. Tous ça pour dire que tout ne peut être une généralité, et c’est encore plus vrai quand il s’agit de rappeler que l’informatique et internet ne sont pas les derniers bastions où l’on pourra assouvir sa passion pour la HiFi et la musique.

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  4. @Coma: Oui, il y a toujours des gens qui consomment leur musique sur des supports physique. Mais bon, vu la baisse des ventes de CD, c’est qu’il doit y avoir moins d’acheteurs, et donc moins de consommateurs.

    Et surtout, vu la vitesse de la baisse (une baisse à deux chiffres !), ça sent de sapin.

    Enfin, je base mon analyse sur la consommation des générations futures (les jeunes), qui consomment plus de musique dématérialisée (via des iPod par exemple, ou sur leur portables) que de CD. A mes yeux, les dernières générations ayant achetées des CD sont celles représentées par les jeunes qui ont actuellement une vingtaine d’année. Les plus jeunes n’achètent plus un seul CD. Mais ça n’est que mon avis.

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  5. Oui vous n’avez pas tort, la génération des 18 ans d’aujourd’hui (peut être même un peu plus) n’a pas été habituée à consommer le CD, encore moins du vinyle lol. Je trouve ça dommage parce qu’on aurait pu au moins éduquer l’oreille de ces jeunes, leur apprendre à écouter la musique sur un support qui rend de la musique de qualité, après libre à eux de choisir. Sauf que là je connais des jeunes qui arrive à 21 ans et qui n’ont jamais entendu leur musique ailleurs que sur un gsm ou des enceintes logitech. Quand j’allume mon matériel et lance quelque chose dessus j’en ai vu resté bouche bée, et ils étaient content d’entendre autre chose que le son d’un poste radio de chantier, la musique avait tout d’un coup une autre saveur pour eux, et c’est ça qui est important. Comme quoi les majors du disque au lieu de se braquer auraient peut être dû faire le premier pas plutôt que de jouer la carte de la répression dés le départ. On en revient en définitif à un article de ce site qui concerne le DVD et que je trouve juste.

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