Et si le téléchargement P2P n’était rien de plus qu’une carte de bibliothèque…

Au détour d’une pensée, entre le rayon Manga et le rayon BD de la Fnac, je me faisait la réflexion que, si j’avais beaucoup d’argent, j’investirais à coup sûr dans pas mal de séries de BD que j’avais beaucoup aimés étant plus jeune. En effet, depuis l’école jusqu’au lycée, mes parents ont été sympa avec moi, et m’ont toujours payé (chaque année j’entends) la carte de bibliothèque municipale. Au final, j’allais environ deux fois par semaine à celle-ci, et à chaque fois, j’en repartais avec six BD (je me souviens même du nombre d’ouvrages autorisés, c’est dire). Bon, c’est vrai : en fait, je « mutualisais » ma carte et les cartes de mon frère et de ma sœur, ce qui me permettait de repartir à chaque fois avec 6×3=18 bandes dessinées. Notez que cette pratique était tout à fait autorisée dans la bibliothèque municipale où j’allais, d’autant que chaque carte était valable/valide, et que nous nous relayions avec les détenteurs de ces cartes (mon frère et ma sœur) pour aller chercher des BD.

Bref, tout ça pour dire que j’ai fait, étant jeune, une consommation énorme, mais pour autant « gratuite », de ces contenus culturels. Aujourd’hui, lorsque j’ai un petit peu d’argent (entre 10 et 20 euros, selon la BD), j’ai toujours plaisir à compléter mes collections, ce qui fait que financièrement, je paye maintenant au prix fort ces BD que j’ai tant lu quand j’étais plus jeune.

Le parallèle entre la bibliothèque, les BD, et le monde des DVD et des DivX

Ce qui est intéressant ici c’est de bien voir le fait qu’il y a une différence fondamentale entre la consommation première d’une collection « dégradée » et gratuite (les livres à la bibliothèque, qui ne m’appartiennent pas, et donc que je dois rendre), et une consommation seconde, non dégradée, et payante (l’achat de ces BD, qui après m’appartiennent).

Le parallèle que je veux faire avec le monde d’aujourd’hui est celui des DVD et des DivX. Notez qu’il n’existe pas actuellement d’offre de prêt de films à des tarifs comparables à ceux des livres : je ne connais pas de médiathèque qui propose des films au prêt pour une durée limitée, avec une carte d’abonnement à prix dérisoire. D’accord pour les médiathèques audio (aussi appelée discothèques de prêt, qui proposent des CD audio), mais pas pour les films.

Le téléchargement P2P répond un peu à cette demande : pour un prix dérisoire (en l’occurrence celui de votre connexion ADSL), vous « pouvez » télécharger des films en version dégradée (attention, cette pratique est illégale). Si ces films vous sont plu, et que leur version non dégradée (payante) n’est pas hors de prix, alors chacun aime souvent aller les acheter en version payante. Avoir une belle boite et une version propre du film est un plaisir bien supérieur à celui d’avoir un DivX souvent d’une qualité imparfaite, aléatoirement stocké sur un disque dur (qui rendra l’âme tôt ou tard), ou gravé sur un CD pourri avec un titre moche au marqueur. Bien sûr, pas de choix de langue/sous-titres, pas de bonus, bref, en qualité dégradée.

Tout ça pour dire que le marché du DVD n’est pas menacé par le phénomène du P2P (mais ça, on le savait déjà), et que les réseaux de « téléchargement P2P » n’agissent en fait que comme un service municipal, un service de prêt d’œuvres dégradées. Finalement, c’est le problème de l’offre et de la demande qui revient : pas d’offre de prêt à prix dérisoire alors qu’il y a une forte demande = apparition de services « privés » (les réseaux P2P).

Je m’arrête ici dans cette digression, mais ne doutez pas que je n’en pense pas moins, et que ce billet est bien évidemment à mettre en parralèle de l’actualité politique.

4 réflexions sur « Et si le téléchargement P2P n’était rien de plus qu’une carte de bibliothèque… »

  1. Très bon billet, le parallèle avec la bibliothèque et l’abonnement internet est tellement vrai ! Si on aime un cd, on va l’acheter, maintenant avec les ipod et autres lecteurs mp3 c’est plus difficile à mettre en avant pour la musique (d’où le principe de la licence légale). Mais pour les films, il y a aucun plaisir à regarder sur un écran d’ipod, et puis avoir le disque physique (oui je sais on peut graver :p ) c’est plus agréable !

    Perso je télécharge pas mal, j’achète ce qui me plait vraiment (dvd, cd, bd, livres) et que j’ai envie de conserver.

    La licence légale on y reviendra surement ! 10 euros par mois pour accéder au téléchargement légal, c’est bien et c’est raisonnable (vu la taille d’un foyer moyen).

    Bref, HODOPI spa bien !

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  2. @TheFrechmacker : Je te rejoint tout à fait dans tes propos : la licence globale peut être une alternative, une « carte de bibliothèque » du web. Ce qui est sûr et certain, c’est que si les contenus non dégradés sont vendus à des prix raisonnable, on les achète quand on les a vraiment aimé !

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