L’idiotie de la chronologie des média fait perdre des millions aux auteurs

Je vais vous raconter une histoire. En mai dernier, c’était mon anniversaire, mais je n’avais rien de particulier à demander « comme cadeau » à ceux qui voulaient m’en offrir. Devant les demandes pressantes de ceux-ci, arguant que « quand même, c’est ton anniversaire, on veut pouvoir t’offrir quelque chose quand on le fêtera », j’ai décidé de faire confiance à ceux qui me disaient que les séries NCIS et Scubs étaient très sympa (même si dans des registres totalement différents, je vous l’accorde). J’ai donc reçu quelques coffrets de ces séries, que j’ai dévorés.

C’est là que cela devient intéressant. Ayant commencé par NCIS, j’ai fini les trois ou quatre saisons que l’on m’avait offert en à peu près autant de semaines, puis, devenu addict, je me suis lancé dans l’achat de la suivante. Puis de la suivante. SAUF que, arrivé à un certain point, la « suivante » (la saison 8 si je ne dit pas de bêtise) n’était pas encore disponible en DVD (même aux USA). Donc j’ai attendu.

A regret, je suis passé à Scrubs. De la même façon, j’ai dévoré les premières saisons que l’on m’avait offertes, puis j’ai acheté la suivante, puis encore la suivante, jusqu’au jour où je suis arrivé à une saison qui n’était pas sortit en France. Et c’est là qu’on touche à quelque chose de très lourd. La série était sortie depuis belle lurette aux USA, mais comprenez-vous-cher-monsieur, les différentes chaines françaises ayant acheté les droits ne les avaient pas encore diffusées, donc il était hors-de-question d’en sortir le DVD avant.

OK, me dis-je, « je vais patienter avec une autre série ! ». Avec son accord, j’ai donc « prélevé » à mon frère les trois premières saisons de How I Met Your Mother, que j’ai dévoré, bien sûr. Arrivé à la fin de la troisième, je regarde comment faire pour acheter la suivante… et là, à nouveau, c’est impossible, car pas encore diffusé en France (mais en vente aux USA !).

Alors, vous me connaissez, j’aime beaucoup faire les choses dans le respect de la loi, et donc j’attends bien sagement que cela sorte en France avant de l’acheter. Plus précisément, cela pour deux raisons :

  • J’aime regarder les séries sur ma TV, donc avec un player DVD qui n’accepte pas les DVD dont la zone n’est pas la mienne (saloperie !)
  • J’aime avoir des sous-titres corrects en FR, donc globalement il me faut l’acheter en France.
  • Je n’aime pas télécharger les séries, parce que les sous-titres sont difficiles à trouver, que j’ai autre chose à faire que de les recaler, et que je n’ai plus désormais une connexion suffisante pour voir des vidéos sur Dailymotion, alors ça n’est pas pour me lancer dans le téléchargement de plusieurs Go de série.

Bref, au final, je suis obligé d’attendre la sortie en France.

Sauf que, et c’est là que c’est rigolo, c’est que une fois que j’ai eu finit How I Met Your Mother, je n’avais plus que moyennement envie d’acheter la dernière saison de NCIS, et pas plus pour la dernière saison de Scrubs (qui est la seule à être sortie, NCIS ne l’étant toujours pas). Donc je ne les achète plus. C’est certainement une bonne nouvelle pour mon porte-monnaie, mais pas pour celui des auteurs.

J’en viens à ma conclusion : la demande du public correspond à un état d’esprit, sur lequel les distributeurs doivent surfer. Je veux quelque chose, mais je le veux maintenant. Pas que ça à faire d’attendre. C’est un peu comme pour un sandwich : j’ai faim, c’est maintenant que je veux un sandwich. Dans deux heures, ma faim aura passé, et donc je n’aurai plus ce besoin, et donc le vendeur pourra se mettre son sandwich où il voudra, mais certainement pas là où je m’assoie. Transposez ça avec le nombre de fans des divers séries, et avec le prix de chaque coffret, et vous arrivez à un joli pactole de perdu.

Donc les idioties de l’industrie de l’audiovisuel, qui croit qu’elle a raison de ne pas tout sortir le plus tôt possible (alors que d’autres pensent que c’est mieux : release early, release often, comme qui dirait), parce que bon, « si on fait attendre les moutons, ils auront plus faim »… Ben non : la chronologie des médias n’a plus de raison d’être aujourd’hui (pas sûr qu’elle en ait eu une un jour, en fait), et donc il serait bien pour les clients *et* pour les auteurs que les contenus soient disponibles le plus tôt possible après leur finalisation.

5 réflexions sur « L’idiotie de la chronologie des média fait perdre des millions aux auteurs »

  1. Tu m’as tenu dans une attente haletante lors de la lecture de ce post pour comprendre de quel médium tu voulais parler… Maintenant, j’ai compris. Pour info, c’est là où l’on voit tout l’intérêt d’Internet et de pouvoir regarder la série quand bon nous semble en VO, VOST ou VF dès lors que l’auteur juge que son oeuvre est prête pour le public. Je ne vois pas pourquoi des intermédiaires pourraient s’acheter ce droit de rétention. Si on va au maximum de l’absurde, à notre époque et avec les moyens de diffusion que nous possédons, ce pourrait être vu comme de la censure.

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  2. Mouais… ou alors tu trouves un travail comme tout le monde et tu stop ton addiction 😀 ça aussi c’est bon pour le porte-monnaie. Abuser du plaisir, nuit au plaisir…

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