C’est la question que je me permet de poser, en apprenant que les ventes de musique en ligne numérique ont du mal à décoller, notamment en France, alors que je suis persuadé que l’offre de « location numérique permanente » (type Spotify Premium) à un bel avenir devant elle (Le piratage de musique abolit par une concurrence sur les licences globales ?). En effet, en regard de la façon dont les consommateurs consomment la musique aujourd’hui, celle-ci peut-elle encore être « vendue » comme avant, à savoir au coup par coup (j' »achète un morceaux/CD/album » comme j’achèterai des pommes au marché) ? Les gens au contraire ont besoin de pouvoir jouir tout le temps des musiques qu’ils aiment, sans avoir à s’amuser à ajouter, retirer, trier, classer les musiques sur leur ordinateur ou leur player mp3. C’est d’ailleurs là le gros avantage de Spotify sur ses concurrents : un abonnement permet d’écouter tout le temps sa musique, que l’on soit sur son ordinateur ou sur un smartphone (actuellement, que sur un iPhone, mais le principe est là). Il y a donc deux utilisation de la musique : une musique à écouter, où l’on joui de l’essence du produit (le fond, si vous préférez), et une musique avec un rapport à soi presque fétichiste (par exemple : acheter l’album, un beau coffret, le DVD du concert, etc).
D’ailleurs, si on considère le succès qu’ont les offres de location d’une bibliothèque quasi-illimité, je me dit qu’aujourd’hui, la musique doit être consommé comme les livres le sont dans une bibliothèque (Et si le téléchargement P2P n’était rien de plus qu’une carte de bibliothèque…) : on veut avoir accès à tout sans se préoccuper du prix unitaire des produits, quitte à s’acquitter d’une somme forfaitaire. C’est pourquoi je crois de plus en plus que la musique (et bientôt les films) va à court terme devenir exactement comme les livres, c’est à dire d’un côté achetable en albums, ou coffrets chez des magasins spécialisés (FNAC, disquaires de quartier), tout en étant mise en pseudo-concurrence avec des entreprises (l’état n’ayant pas réagit assez vite) qui proposeront des accès illimités forfaitaires (les bibliothèques/licences globales). Le marché aura eu raison de toutes les tergiversations dont la loi HADOPI nous faisait part depuis bientôt une année !
Pour ceux que l’article sur la musique en vente intéresse, il est écrit par Guillaume Champeau sur Numérama et est disponible ci-dessous :
Surprise ! Le marché de la musique enregistrée numérique ne décolle toujours pas en France, malgré le matraquage médiatique qui a accompagné le projet de loi Hadopi. Mais bien sûr, c’est encore et toujours la faute aux pirates, surtout pas celle de l’incroyable pauvreté de l’offre légale française…
Seulement 3 % de progression sur la période (contre 45 % l’an dernier), pour une part de marché de 17 % de l’ensemble des supports. Un chiffre très inférieur à ce qui se constate aux Etats-Unis, où l’offre est beaucoup plus développée qu’en France.
Outre-Atlantique, le marché des ventes physiques est en passe d’être dépassé par les ventes numériques. Le croisement des courbes devrait même s’opérer dès l’année prochaine, sous l’effet conjoint de la chute des ventes de CD et de la croissance rapide des téléchargements et des offres de streaming marchands.
« Notre offre légale fait toujours face à la concurrence déloyale des échanges illégaux de fichiers musicaux en ligne« , se lamente Christophe Lameignère, le président du SNEP. « C’est l’effondrement des téléchargements mobiles sur la période (-51%, à 9,8 millions d’euros) qui a plombé le marché du numérique. Mais si ce marché ne décolle pas, c’est aussi en partie à cause des atermoiements sur Hadopi, qui ont donné un regain de vivacité aux pirates« .
De quoi inciter à devenir vulgaire tant il devient ahurissant de connerie (pardon, mais il fallait que ça sorte) de continuer à tout reporter sur le piratage lorsque les maisons de disques sont incapables de la moindre entorse à leurs pratiques commerciales ancestrales pour permettre aux plateformes de sortir des offres plus attractives et moins chères, avec un catalogue complet. Certes, il y a de beaux efforts, mais encore beaucoup à faire…
Comment se plaindre encore de la concurrence déloyale du P2P lorsque le catalogue des Beatles n’est toujours pas disponible dans l’offre légale ? Et lorsque tout l’effort de déploiement de l’offre légale a été conditionné à la mise en oeuvre d’une riposte graduée dont on a dit depuis le départ qu’elle serait inconstitutionnelle ?
Patrick Zelnick a beaucoup de travail devant lui. Et le piratage encore un grand avenir.
Salut,
Si un artiste veut vendre sa musique, on ne peut pas l’en empêcher. En revanche, les maisons d’édition ne devraient être sollicitées essentiellement que pour les albums collector.
En ce qui concerne la chute des vente sur le net, je confirme la très mauvaise foi des majors accusant le piratage malgré le fait d’un manque évident des offres légales! La solution : boycotter, on n’est pas des vaches à lait pour le lobbying musical ! Et tant pis pour eux, s’ils demeurent incapables d’adopter une position de marketing et de communication suceptible d’attirer le consommateur!
Oui, je pense comme toi : les éditeurs de musique devraient désormais se concentrer sur la ventes de beaux albums collector ou de goodies. Mais ils faut qu’ils nous lâchent la grappe sur la musique numérique. Ils ont tout à y gagner !