On se lève tard car on n’a pas de tour aujourd’hui, donc pour une fois on peut faire la grasse matinée. Sauf qu’on est réveillés par le froid et la lumière dans la chambre, donc pas si tard non plus… (on n’a pas beaucoup dormi).
On monte prendre le petit dej à 8h10. On discute pas mal avec Maïté, la patronne : notamment de ce qu’on a vu la veille à Maragua, de la place des femmes dans la société et dans les campos (la campagne) en particulier (on lui en parle parce qu’elle est anthropologue de son état, et elle travaille notamment avec les communauté indigènes du nord de la région de Potosi).
On part à 10h10 de La Selenita, après avoir encore pas mal discuté avec Maité et avoir laissé nos valises chez elle.
On prend un taxi, une rue plus haut que l’hôtel (car la rue est plus passante) jusqu’à la Ricoleta (5 Bs chacun).
Arrivés à la Ricoleta, on demande de visiter le couvent, une guide nous dit de revenir 15 minutes plus tard, car débutera la prochaine visite.
En attendant, on reste près du mirador, là où sont installés les marchands indigènes. Caro achète une écharpe en alpagua.
A l’heure dite, on revient à la Ricoleta, de l’autre coté de la place, on achète chacun un billet (15Bs par personne), puis on débute la visite à 10h33.
Malheureusement la guide ne parle qu’espagnol. Donc clairement on ne comprend pas tout. On passe quand même dans plusieurs patios (au moins trois), remplis de fleurs, puis devant le cèdre énorme qui a 1400 ans ! Une légende veut que si l’on tourne trois fois autour vers la gauche, un mariage se réalisera. Si on tourne trois fois par la droite, ce sont ses voeux qui se réaliseront.
La visite est intéressante, on voit ensuite pas mal de pièces (soutanes, habits de messe, cercueil pour les moines, ustensiles pour l’auto flagellation) et de tableaux.
Une fois sortis de la visite à 11h20, on part directement vers le musée Azur qui se situe à moins de 50m. C’est un musée d’art indigène, notre logeuse a travaillé pour cette fondation (notamment car cette fondation va voir les femmes indigènes et essaie de transmettre leur savoir en terme de tissage), et elle nous a convaincu d’y aller.
On voit notamment les parties cousues et colorées des vêtements des femmes. Avant elles portaient totalement ces parties colorées (nommées « aqsu »), mais désormais elles ne les portent que à l’arrière et sur le coté, pour se distinguer entre groupes ethniques.
Il y a notamment trois groupes ethniques dont on voit les tissages.
Les Tinguipaya, situés au nord de la region de potosi. Ils représentent traditionnellement le monde d’en haut, donc avec des oiseaux ou des étoiles. Ils y a plein de couleurs. C’est toujours symétrique, car représentant l’espace et le ciel, forcement bien organisé.
Les femmes mettent 3 mois à faire ces aqsu, elles le font de tête, progressivement, fil à fil (c’est tout à la main, sans plan à l’avance), et elles même ne connaissent pas le dessin qu’elles vont faire au départ.
Dans une autre salle, on voit les aqsu des indigènes de la zone de Tarabuco : eux représentent le monde réel (kay patcha). Ils ont deux types de tenues différentes : une pour tous les jours, de couleur rouge majoritairement (mais formant un dégradé de couleur, c’est très joli), et une autre de couleur bleu et violet, en cas de deuil. Mais les représentations sont toujours avec des dessins rappelant le monde réel. Des maisons, des églises, des champs, des hommes (des paysans tenant du maïs), des animaux de trait, des oiseaux de basse court sont représentés. Toutes les choses de la vie quotidienne. Eux dessinent le fait qu’ils sont dans un monde organisé avec la nature, habitée par des animaux et des hommes : tout est à sa place. On voit des scènes de vie, des scènes de culture des champs, de chevaux montés par des hommes, des danses de femmes.
Le troisième groupe ethnique dont on voit les aqsu est celui des Jalq’as (dont font partie Potolo et Maragua, où nous étions la veille). Leurs aqsu sont toujours en rouge et noirs, et ils représentent l’infra-monde (l’enfer), appelé Ukhupatcha. Chaque femme créant son aqsu représente ce qu’elle pense être l’infra monde (souvent suite à un rêve qu’elle a fait), donc fréquemment on retrouve des créatures comme des singes, des lions (qu’elles n’ont jamais vu mais qu’elles associent à l’enfer). Même les créatures qu’elles ont déjà vues sont représentées en version diaboliques, tête à l’envers ou à l’endroit, sans symétrie, ce qui augmente l’idée de chaos, d’enfer. Ces créatures sont des Khurus, mot non traduisible, qui se réfère à toutes les espèces sauvages, non domptables par les hommes, dont les animaux fantastiques. Les Khurus seraient à l’origine de la fertilité et de la vie. C’est pour ça qu’on voit dans le ventre des créatures diaboliques des fœtus diaboliques eux aussi, afin de montrer que ces Khurus, aussi maléfiques qu’ils soient, rentrent dans un processus de transmission de la vie.
Ces groupes ethniques ne vivent pas principalement de la vente de ces étoffes (même si aujourd’hui cela rentre dans leurs revenus) car à l’origine ce sont des agriculteurs. Les femmes font ces aqsu sur le temps qu’il leur reste après s’être occupé du bétail, des champs, de la cuisine et des enfants.
La dernière salle présente les œuvres produites par les hommes (des tapis). Le dessin est moins fin, il représente des animaux, des dragons, des montagnes. Cette technique avait été perdue mais a pu reprendre à partir du savoir des femmes. Eux utilisent un métier à tisser hérité de ceux importés par les espagnols.
On sort du musée à 12h13. On prend un taxi pour 8 Bs (4 chacun) jusqu’à la casa de la Libertad.
On mange chez Papavero (25Bs le menu du midi comprenant soupe très bonne, plat de pâtes excellentes et panacota en dessert), un des restos que nous avait conseillé la fille de la patronne. D’ailleurs, au moment du dessert, on voit notre logeuse et sa fille qui viennent y manger aussi !
Apres le déjeuner, on va au marché : aujourd’hui il est ouvert et en fonctionnement, on voit les gens manger, les étals de viande (pas du tout réfrigérées), de femmes qui font des milanesa, mais aussi entre autres le marché aux épices, avec branches de cannelle et noix de muscade.
On sort du marché pour tenter d’aller chez Sucre Sombrero (magasin de chapeaux recommandé par le routard), mais c’est fermé. Du coup on remonte la rue pour aller à l’Eglise San Francisco. Sur le chemin, on passe devant musée militaire ; on tente de le visiter mais les militaires en faction à l’entrée ne connaissent même pas le prix de la visite, personne n’est là pour nous vendre un billet, donc ça les arrange clairement qu’on ne veuille pas venir visiter.
On passe ensuite devant l’église San Francisco mais elle est toujours fermée. Dommage.
Donc on remonte à l’hôtel. On arrive vers 14h30, on profite de l’internet.
Vers 15h10, Caro va chercher nos valises, elle discute avec Maïté (qui nous a commandé un taxi qu’elle connait et qui est bien pour qu’il nous emmène à l’aéroport pour 15h30).
À 15h30, on part avec le taxi pour l’aéroport. Il nous fait payer moins cher que prévu (50Bs pour tous les deux, du centre vers le nouvel aéroport, 45 minutes de voiture). Il fait des signes de croix assez souvent, ce n’est pas encourageant. D’autant que sa conduite est à la bolivienne… embardées, dépassements sans visibilité, bref, la sécurité n’est pas une préoccupation majeure.
On arrive vers 16h05 à l’aéroport (donc on aura mis 35 minutes au lieu de 45, le taxi a roulé assez vite). Ils roulent vraiment comme des malades, même si franchement notre taxi n’était pas le pire.
On s’enregistre chez Amaszonas. Les bornes d’enregistrement de l’aéroport n’ont pas de tapis qui emmène les valises vers les avions. Par contre il y a des balances entre chaque borne (genre balance carrées, comme des pèse-personne).
Apres l’enregistrement, on doit aller au guichet d’information payer la taxe d’aéroport (11 Bs chacun). En France, tout ça doit être inclus dans le billet, donc on n’a pas l’habitude de payer ça en plus…
Ca fait plusieurs fois que des jeunes garçons cireurs de chaussures me demandent si je suis intéressé pour me les faire cirer. Ils me font pitié alors j’accepte : un des garcons me les cires pour 2 Bs.
On rentre en salle d’embarquement après avoir passé les contrôles. Bizarre : je ne sonne pas au détecteur alors que je n’ai pas enlevé ma ceinture, mes chaussures (d’habitude je sonne à chaque fois si je ne les enlève pas).
À 17h10 on monte dans l’avion. L’avion est tellement petit qu’il n’a pas besoin d’escalier externe. C’est un CRJ200 (Bombardier). Il est plein aux trois quarts. Malheureusement les hublots sont très bas (j’ai les yeux qui arrivent 10cm au dessus du haut du hublot).
Le pilote fait une annonce : il a un accent anglais parfait. Le steward est niquel. Il ne semble pas y avoir de personnels d’origine indigène (contrairement à ce qu’on avait eu avec BoA, mais bon l’avion n’a qu’un seul stewart alors l’échantillon n’est sûrement pas représentatif).
On prend plein de photos des montagnes. On revoit la route qu’on avait pris deux jours avant pour aller au cratère de Maragua. En fait on doit survoler le cratère, mais comme il doit être plutôt à la gauche de l’avion et que nous on est à droite, on ne le voit pas (on voit juste la route d’accès en serpentins). Par contre au dessus de Sucre on voit la paroi verticale blanche du Cretaceous Park.
Globalement le vol se passe super bien, l’avion me semble presque mieux entretenu que celui de BoA (alors que la compagnie Amaszonas est très décriée, notamment pour son non respect habituel des horaires).
Avant l’atterrissage on survole d’assez près la zone d’El Alto, c’est assez pauvre, il n’y a aucune route goudronnée.
L’atterrissage est bizarre, comme si le tarmac était assez peu plat et qu’on avait éclaté une roue. Mais apparemment non. On sort de l’avion à 18h15.
On prend un taxi pour 70Bs afin qu’il nous amène au centre ville.
Plutôt que de prendre les grands boulevards, il fait une directe : il passe dans toutes les petites rues en serpentin. C’est assez impressionnant car la ville d’El Alto où se situe l’aéroport est à 4200m, et le centre ville où notre hôtel est à 3600m. Donc le taxi descend par des rues en pente sévère, on a l’impression qu’on descend la montagne. Ça descend à n’en plus finir. Une fois proche de l’hôtel, la circulation est très dense, personne ne cède la place (il n’y a pas de priorité à droite à respecter, donc chacun se bat pour un centimètre, c’est à celui qui aura le moins peur d’abîmer sa voiture).
On arrive a l’hôtel à 19h20. L’hôtel est assez parfait, le mobilier a été choisi avec soin (des vieilles valises en cuir, des vieux fauteuils en cuir, c’est assez beau).
Pour autant, on ne se repose pas. On fait le checkin rapidement, on pose nos valises, et on repart par le taxi à 19h30 pour 20Bs, afin d’aller booker un tour pour le lendemain, par exemple pour descendre la Route de La Mort. Le taxi conduit n’importe comment, il y a plein de monde dans les rues.
On arrive pour 19h50 dans la rue Sagarnaga. On rentre chez Xtrem DownHill. Ils sont les mieux notés sur TripAdvisor tout en étant moins chers (moitié moins quand même : 400 Bs ce qui fait environ 50€) que ceux recommandés par le Lonely Planet.
On booke un tour pour le lendemain sur la Route de la Mort (celle qu’on voit partout en photo, et qui avait 300 morts par ans du temps où elle était encore utilisée).
Mais on n’a pas assez d’argent pour payer le tour, donc on donne tout ce qu’on a et on dit à la dame du bureau qu’on va aller chercher de l’argent. Elle est d’accord, mais il faudra payer le reste demain matin avant le départ du tour.
On cherche avec elle où est le plus proche DAB de Banko Fie. On y va à pied (c’est à 10 minutes), puis on cherche des restos.
A 20h55, on mange chez Big Bom, une chaîne qui vend du poulet frit, après avoir passé 45 minutes à chercher plusieurs restos indiques sur le Routard, mais fermés ou inexistants.
On reprend un taxi pour rentrer à l’hôtel. On parvient de mieux en mieux à demander notre chemin au taxi ou à faire des demandes de bases aux gens en espagnol. On est super fiers ! A tel point que certains croient qu’on sait parler en espagnol, et donc continuent toute leur explication en espagnol, et donc même si on parviens à comprendre pas mal de mots, quand ça devient technique on est vite largués.