Pourquoi la course au « toujours plus » de mégapixels pour nos appareils photos touche-t-elle à sa fin ?

Akira Watanabe, chef de projet chez Olympus au département Imaging’s SLR a jeté un pavé dans la mare en déclarant cette semaine sur ZDNet que « Douze millions de pixels suffisent amplement à couvrir les besoins d’une majorité des consommateurs ».

As-t’il raison ?

Le mythe du Mégapixel

Ils sont au marché des appareils photos ce que sont les chevaux et les mégahertz aux marchés de la voiture (même si aujourd’hui son importance diminue) et des processeurs. Une simple mesure sur laquelle se réfère la plupart des acheteurs et sur laquelle les publicitaires misent pour vendre leurs produits, malgré le fait qu’elle ne reflète que peu les performances de l’appareil. Au cours de ces dernières années, les fabricants d’appareils photo n’ont cessé d’augmenter le nombre de pixels sur chaque nouveau modèle. Ils se moquaient bien de savoir si cela apportait un intérêt et un avantage au consommateur. Le problème avec toujours plus de pixels, c’est que le reste de l’appareil ne suit pas (la vitesse du processeur atteint son maximum, la carte mère se retrouve avec un bus lent et de petites quantités de mémoire vive), bref c’est comme si vous installiez un Turbo sur un petit moteur de voiture dont les freins et les suspensions sont bancales.

De combien de pixels avons-nous besoin ?

En vérité, 6 millions de pixels sont suffisants. Ils permettent de faire de très belles photos papier en 20 x 27 cm. Prendre avec plus de pixels se justifierait par des impressions sur de plus grandes tailles et des recadrages dans les photos. Or qui imprime sur de plus grands formats ? Les pro. Et qui auraient besoin de recadrer sa photo avec les Zoom 24x dont dispose certains compacts et bridges ? Très peu de gens, en vérité.

Après avoir interrogé des photographes professionnels et des personnes en studios à propos de leurs besoins futurs, la sensation d’un palier à 12 millions de pixels s’est dessinée. Et depuis M. Watanabe est convaincu que cette limite existe et quelle est bonne pour la plupart des photographes, même si certains peuvent avoir des besoins supérieurs. Les 20 millions de pixels ne sont nécessaires qu’à une poignée de professionnels.
Quant au usagers moyen, la plupart des clichés finissent sur des sites de partage comme Flickr, Picasa, PhotoBucket, ou sur des périphériques de stockage comme des disques durs ou des DVD. Or dans ce cas 12 millions c’est bien trop, car plus on a de pixels, plus la photo pèsera lourd. Elle prendra donc d’autant plus de place que des clichés en 6-8 millions de pixels suffisent amplement pour une visualisation confortable. De surcroît, on peut rajouter que rien n’est plus idiot de se dire qu’on verra une photo plus belle sur son écran d’ordinateur si celle-ci a davantage de mégapixels : en effet, les écran ayant la meilleure résolution aujourd’hui culminent vers trois mégapixels, ce qui est bien inférieur à la moyenne de dix mégapixels des appareils photo compact d’entrée de gamme. Pour résumer, tant que nos écran n’auront pas des résolution de 4000 pixels par 3000, il sera totalement inutile de les afficher en plein écran pour voir tous les pixels (un redimmensionnement aura forcément été fait !).

Au delà des mégapixels

Les réflex numériques ont connus ces derniers temps un engouement auprès des consommateurs. Ils permettent en effet de prendre en compte plus de paramètres et de procéder à des réglages plus fins. Les utilisateurs « avancés » préfèrent ce type d’appareil car ils permettent de « faire la photo ». Cela explique le renouveau du marché des réflex : ils offrent de meilleures lentilles, des capteurs plus gros et souvent un meilleur traitement de l’image.
Du coup les fabricants trouvent d’autres arguments de ventes, comme le « grand angle », les « super-zooms », la live-view, les vidéos en HD voir en Full HD aujourd’hui. Le Canon EOS 5D markII ainsi que le Nikon D90 proposent eux aussi la capture vidéo en HD. Une première dans le monde des réflex numériques.

A l’instar de la désaffection du public pour les grosse cylindrées, le « toujours plus » de pixels va probablement céder sa place à d’autres critères de ventes. Ceux-ci ne reflèteront peut être pas mieux la qualité de l’appareil, mais ils feront vendre ! Et c’est bien là ce qu’on leur demande.