Comme chaque année depuis 1997 et l’affaire Festina, le Tour de France nous revient avec son lot de tricheurs et de coureurs dopés. Face à l’exaspération de certains coureurs (notamment des français) et de supporters qui souhaitent un sport « propre », les contrôles anti-dopage se sont multipliés et généralisés.
Mais servent-ils à quelque chose ?
Je pense que l’on peut dire que les contrôles sont efficaces, puisque l’on trouve des cas de dopage. Les laboratoires de recherche des tricheurs ne sont donc plus autant en avance sur les méthodes de dépistage qu’auparavant.
Cependant je ne crois pas que l’on aura un jour un Tour sans dopage. Le concept de propreté n’est qu’un idéal vers lequel il faut tendre mais ce ne peut être en aucun cas un but atteignable.
De plus, il faut savoir pourquoi les coureurs se dopent, car si l’on sanctionne sans se demander quelle est l’origine du mal, c’est une bataille perdue d’avance. C’est simple, me répondrez vous : ils se dopent pour gagner, parce que gagner rapporte de l’argent, de la gloire. Et vous avez raison, ces motifs justifient d’ailleurs à leurs yeux de mettre en danger leur santé et leur vie.
Le Tour est une des rencontres sportives qui rapporte le plus d’argent en terme de publicités, de téléspectateurs (dont de recettes publicitaires, donc d’argent)… cette épreuve brasse donc des sommes énormes. Il est logique que l’argent pousse les coureurs mais aussi les cadres des équipes à introduire le dopage.
Pour toutes ces raisons je ne pense pas qu’on aura un jour un Tour de France sans affaire de dopage, à moins que l’on supprime les contrôles. Il est vrai que sans contrôle, il n’y a plus de d’affaire de dopage !
Par rapport aux autres sports, le cyclisme fait parti de l’un des plus surveillés, et si l’on trouve des cas de dopages, c’est à mon avis surtout parce qu’on se donne les moyens de chercher : les contrôles sont quasiment systématiques. Et je pense qu’il serait naïf de croire que le cyclisme est le seul sport touché par le dopage, il n’y a qu’à voir les records tomber en athlétisme, ou en natation…
Bref : comme chaque année sur le Tour, on se félicite et se congratule allègrement lorsqu’un coureur dopé est pris la seringue dans le bras, en se trompant promettant que les tricheurs seront tous pris etc…
Et n’allez pas me dire : « Oui, mais chaque année, ce sont des étrangers qui sont pris, donc les français sont des coureurs propres ». Rassurez-vous, nous français, ne sommes pas mieux que les autres. En tout cas dans ce domaine-là. Le Monde en a fait un article le 16 juillet, qui s’intitulait : Moreau avait été arrêté en mars pour des paramètres sanguins anormaux. On peut y lire :
Survenu le jour où l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) avait confirmé qu’une dizaine de coureurs avaient présenté des paramètres sanguins anormaux lors des prélèvements réalisés juste avant le départ, et qu’ils seraient en conséquence particulièrement ciblés par les contrôles, l’abandon du meilleur coureur français avait alimenté toutes les rumeurs. Dans un entretien à L’Equipe publié mercredi, Christophe Moreau explique qu’il était simplement « vidé, sans force, avec des troubles de la vue », mais qu’il n’était « pas concerné par cette liste ».
Enfin, qu’on se le dise : le sport est caractérisé par un « dopage autorisé » (et généralisé) qui commence dès le plus jeune âge. Comment qualifier le geste de la maman d’un enfant qui va à une compétition de natation l’après-midi, et qui lui fait des pâtes pour le déjeuner ? Comment qualifier le sportif qui prend des pilules de vitamine C avant de courir ? Comment qualifier celui qui prend plusieurs pilules d’aspirine (pour fluidifier le sang) avant de faire sa course ? Et pourtant, si on reste dans des doses « légales », ce « dopage autorisé » reste… autorisé. Bref : le dopage est une histoire de seuils, et le seuil légal n’étant pas à zéro, il y aura toujours du « dopage autorisé » et du « dopage non-autorisé »…
Chaque année, les médias nous montrent les responsables du Tour et des équipes non concernées se féliciter de l’arrestation et de l’évacuation des coureurs et équipes qui trichent. Chaque année. Alors, bon : c’est l’histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide. Faut-il chaque année se féliciter, comme le font ceux qui ont des intérêts (notamment financiers) dans cet événement, ou bien déplorer, comme je le fait, que chaque année on constate encore des gens qui trichent, c’est à dire qu’en extrapolant, peut-on envisager très sérieusement que chaque année, on trouvera des tricheurs, et donc que ce sport ne sera jamais propre ?
Et chaque année, on oublie de parler du dopage dans les autres sports…
Le cyclisme est plus que jamais le bouc emissaire de la lutte antidopage.
Pendant ce temps, les footballeurs, tennisman, rugbyman peuvent « se préparer » tranquillement, sans être inquiétés par des contrôles sanguins inopinés qui n'existent que dans le cyclisme…