Quand Warner Music vend des morceaux dont elle n’a pas les droits

J’ai lu avec horreur (mais sans vraiment d’étonnement) l’histoire d’Edwyn Collins sur Numérama (l’article est reproduit ci-dessous). Cela devait arriver. Après avoir truqué des procès (notamment celui de The Pirate Bay), les majors n’avaient certainement pas besoin d’un tel coup de publicité supplémentaire. La Warner Music a en effet montré qu’elle était capable (comme d’autres maisons de disques, pour le cas présent) de continuer à vendre des morceaux, et donc à percevoir des royalties, ce même après l’expiration des droits qu’elle avait sur les morceaux vendus. Donc, pire que de partager gratuitement des œuvres musicales (ce que font les pirates, et ce pour quoi ils sont tant décriés), Warner Music a vendu une œuvre sans en avoir les droits, et donc a perçu de l’argent sur une œuvre dont elle n’avait aucun droit ! Non, vous ne rêvez pas : c’est bien l’hôpital qui se moque de la charité.

Edwyn_Collins

Mais cela dit, qu’on se rassure, la Warner Music va continuer à crier au loup en voyant les sites de liens torrents, sous prétexte qu’ils favorisent le partage illégal de musique pirate, tout en générant de l’argent à partir de cette activité. Parce que la Warner, elle, ne générait pas d’argent à partir de la vente de CD dont elle n’avait pas les droit : ben non, c’était certainement pour des œuvres caritatives, hein, personne n’en doute.

Une seule chose me rassure. Je me dit que les extrémités dans lesquelles on arrive ne peuvent être annonciatrices que d’une seule chose : la fin prochaine de telles maisons de disque. Et, d’un côté, ça me réjouit.

Voilà l’article :

Warner Music empêche un artiste de mettre sa musique sur MySpace
Peer-to-Peer –

Un artiste, anciennement sous contrat avec Warner Music, a souhaité mettre en ligne sur son MySpace un de ces plus fameux titres qui avait connu un petit succès au début des années 90. Or, en découvrant la diffusion du morceau sans contrepartie financière, la major a contacté MySpace pour lui demander de retirer le titre en question. Une mesure prise sans vérifier effectivement que le contrat était expiré depuis un moment.

Au début des années 90, Edwyn Collins avait connu un certain succès avec la chanson « A Girl Like You ». Pendant les années qui suivirent, Edwyn Collins signa un contrat avec différents labels pour vendre sa musique au plus grand nombre. Or, quinze ans plus tard, l’artiste a pensé que cela pourrait être une bonne chose de partager librement et gratuitement sa musique sur MySpace. Il ne se doutait sans doute pas encore des difficultés qu’il aurait pour diffuser son propre morceau.

Or, si un artiste sous contrat est pieds et poings liés, ce n’est pas le cas d’Edwyn Collins. En effet, tous les contrats passés avec l’industrie musicale ont expiré depuis un petit moment. Alors, quand sa manager – et accessoirement sa femme – a appris qu’il essayé de transgresser les règles du copyright en vigueur sur MySpace, elle n’en revenait pas. « C’est assez effrayant » a-t-elle écrit sur son blog. « J’ai contacté MySpace pour savoir quel était donc ce copyright qu’Edwyn violait » en essayant de mettre sa propre musique sur son espace personnel.

Lorsque Warner Music a constaté que le titre était anormalement accessible gratuitement et librement, le label s’est empressé de contacter MySpace pour lui sommer de retirer le morceau dès que possible. Or, à aucun moment ni Warner Music ni MySpace n’ont vérifié si les droits que possédaient effectivement la major à l’époque étaient encore valables aujourd’hui, regrette Grace Maxwell.

« MySpace n’est visiblement pas équipé pour faire face à une demande émanant d’une autre entité qu’un major » écrit ainsi la manager. MySpace penserait-il que seules les majors ont des droits ? Quoiqu’il en soit, Grace Maxwell a contacté l’un des avocats du label musical, celui-ci lui promettant bien entendu de résoudre rapidement le problème. Sans grande surprise, les mois passèrent et MySpace continua de bloquer la mise en ligne d' »A Girl Like You ».

Pire encore, malgré l’expiration des différentes licences d’exploitation, plusieurs labels sont toujours en train de vendre – illégalement – les morceaux d’Edwyn Collins. En clair, différentes sociétés réalisent des profits en piratant sa musique des années après la fin des contrats liant le chanteur. Évidemment, le couple pourrait se lancer dans une longue bataille juridique, mais la manager semble résignée à cet état de fait et elle n’a vraiment pas envie de gâcher sa vie avec ça. « C’est ce qu’ils ont toujours fait » déplore-t-elle.

Les efforts de Warner Music pour empêcher le piratage de musique sont ridicules. Aller jusqu’à empêcher un artiste indépendant de partager sa propre musique sur MySpace est complètement fou. Pour la manager, il est clair que le problème ne vient pas des internautes, mais bien des labels qui sont de véritables « trafiquants« . L’industrie du disque changera-t-elle un jour de modèle économique ? Grace Maxwell le souhaite, même si cela ressemble surtout à un vœu pieux.

En attendant, Edwyn a trouvé une solution de rechange pour diffuser sa musique. Elle s’appelle The Pirate Bay, IsoHunt ou encore Mininova.

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

Voilà le clip de Edwyn Collins ‘A Girl Like You’

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.