L’Inde sera aux cadres occidentaux ce que la Chine a été aux ouvriers

La Chine a fait beaucoup de mal dans les vingt dernières années aux employés européens/occidentaux peu qualifiés (et notamment dans les pays riches occidentaux), car les faibles prix pratiqués dans l’industrie chinoises ont permis à beaucoup d’entreprises de délocaliser leur production là-bas. On a tous entendu ces derniers mois, ou plus largement dans les dernières années, des employés français peu qualifiés qui perdaient leur emplois car celui-ci étaient délocalisés en Chine.

India_Computer_Training_Center

Sauf qu’aujourd’hui, on peut raisonnablement dire que les employés peu qualifiés ne sont pas les seuls touchés. En effet, l’Inde est un pays a la taille comparable à la Chine, à cela près qu’elle forme un nombre impressionnant d’ingénieurs chaque années. Ces ingénieurs sont d’un niveau assez élevé pour qu’ils puissent être mis en compétition avec les ingénieurs occidentaux. La différence fondamentale ? C’est que eux sont très peu payés (par rapport à leurs homologues occidentaux), et qu’il n’y a pas d’obstacle « financier » à la délocalisation d’un projet d’étude.

En effet : lorsque l’on délocalise une production en Chine (ou dans un autre pays en Asie), il faut prendre en compte le cout de transport (qu’il n’y a quasiment pas si la production était faite sur place, en Europe). Ce transport, très souvent fait par bateaux porte-conteneurs, est très faible tant que le cours du pétrole ne s’envole pas. Ainsi, lorsque, l’année dernière, les cours du pétrole se sont envolés, plusieurs entreprises ont commencé à remettre en cause leur récente délocalisation, car elle est basée sur le fait que le coût du transport est bien inférieur à la différence des coût entre une production en Europe et une production en Asie.

Tout ça pour dire que ce problème n’existe pas avec des bureaux d’études, car si on envoie un programme informatique se faire coder en Inde, celui-ci fera à priori moins de 4 Go à l’arrivée -une fois compilé- (et encore, ça impliquerait un programme tout à fait énorme). Au pire, les sources, les différentes versions, ça totalisera… moins de 10 Go de données. Mais déjà, 4 Go, c’est un chiffre considérable. Or, 4 Go… c’est un DVD, soit donc la taille d’une simple lettre : moins de 10€ de transport. Et encore : par internet, ce coût peut-être encore réduit.

Vous croyez que la délocalisation informatique n’a pas commencé ? Détrompez-vous : les plus grandes SSII françaises comptent désormais une unité de développement (ou un prestataire) en Inde, afin de diminuer les coûts des projets. La société française, qui est déjà une société de service (elle s’est séparée de ses industries grâce/à cause notamment à la concurrence des pays asiatiques), pourrait progressivement se séparer de ses « plus basses » activités de « service », comme par exemple un grand nombre de travaux réalisés dans les bureaux d’études (informatique ou non), en les délocalisant.

De ce que j’ai pu en voir, les sociétés françaises garderaient un travail de spécification/conception/architecture (l’ingénierie à proprement parler), pour s’affranchir des tâches les moins « évoluées ».

Honnêtement, je ne sais pas si c’est une bonne chose. Rien que parce que je crois que pour être bon dans la conception, il faut avoir commencé par programmer, afin de savoir au mieux ce que devra faire la personne à qui ont va demander d’écrire les programmes (je parle au niveau du secteur informatique, là). Économiquement, je ne sais pas si ce sera mauvais : les tâches de conception et de réflexion restent celles qui engagent le plus de responsabilités (puisqu’elles définissent le travail des développeurs), et donc les garder en France est préférable.

Cela dit : si on met en parallèle le fait qu’un travail d’employé en usine (par exemple, en France, dans le Nord) n’avait que peu de qualification (CAP, BEP ou Bac Pro), on peut considérer que ce sont ces gens-là qui ont été touché par les délocalisations « industrielles » en Asie. Mais, les emplois de développeurs sont fait par des gens nettement plus qualifiés : des BTS, licences, masters ou ingénieurs font ce travail là ! Donc le secteur que touche l’Inde n’est pas du tout le même, et globalement, ce sont les classes moyennes qui potentiellement sont en danger. Or, la France est composée… pour majorité d’une classe moyenne. Donc potentiellement, les délocalisations en Inde peuvent toucher beaucoup plus de monde. Gloups 🙁

3 réflexions sur « L’Inde sera aux cadres occidentaux ce que la Chine a été aux ouvriers »

  1. C’est la fin des vacances. On commence déjà à broyer du noir. Je pense que l’Inde est une chance. Tout d’abord, à la différence de la Chine qui fait dans la copie, l’Inde a su se créer des espaces (Advent/Zoho) et amener des méthodes rodées (Infosys et le CMMI).

    Maintenant, la menace n’est pas si simple. En effet, si pour le développement, ça commence à être vrai, pour l’externalisation de tous les services, c’est moins clair. Par exemple, sur des simulations 3D de crash automobile (ce n’est qu’un exemple), le temps de ramener les résultats (plusieurs dizaines de Go) ne permet pas un gain de productivité comparé à avoir son data center en local. Bien sûr, on peut prévoir une amélioration des débits mais je parie qu’on aura besoin de plus de simulations en parallèle.

    Enfin, il ne faut pas oublier que l’Inde c’est un marché pour eux tout d’abord, il suffit d’y aller pour voir qu’ils ont déjà beaucoup de travail avec eux-même et ensuite, les infrastructures de base ne sont pas toujours là (coupures électriques et réseau fréquentes).

    RépondreRépondre
  2. Je suis pas ci certain, car l’Inde à su rester dans le secteur du commerce.
    Tout en préservant l’opportunité du commerce et authenticité des droits.
    Enfin dans certain cas, après il est certain que certain secteur est à risque..

    RépondreRépondre
  3. @H4mm3r : Je suis d’accord avec toi, mais je parlais dans mon billet notamment du développement de matériels SI et web.

    Donc, si le secteur de la simulation a encore quelquejour de répit, je ne crois pas que cela soit la même chose pour les secteurs de développement pur…

    RépondreRépondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.