A la lecture de l’article de Fabrice Epelboin sur ReadWriteWeb fr sur le futur des eBooks, je me prend à réver d’un éclair d’intelligence des acteurs de l’édition littéraire, pour aller essayer d’envisager ce que pourrait être un monde dans lequel les auteurs et éditeurs de titres ne se rémunaireraient que sur des prestations autres que leur coeur de métier (la création et l’édition de contenu).
Pour introduire mon propos, je rappelle que le modèle actuel va sur ses derniers soubresauts, et que demain les licences libre (Creative Commons) seront loi : les contenus seront alors gratuits (ou très peu chers), et ne seront plus la source de revenus principale des « ayant droits » : les maisons d’édition auront alors pour rôle d’inventer les nouveaux vecteurs de retour sur investissement.
Fabrice Epelboin a esquissé un début de réflexion sur ce sujet dans son article :
La vieille idée de payer au préalable pour un contenu n’est, dans l’économie numérique, qu’un mode de monétisation parmi d’autres. On pourrait en imaginer de nouveaux, comme de payer après avoir lu un livre (sur le modèle du shareware), ou de payer pour accéder à un espace de discussion privilégié avec l’auteur, ou pour accéder à des contenus complémentaires, ou bien encore de monétiser des conférences tenues par l’auteur (un modèle courant aux USA). L’important, c’est de mettre au point et d’expérimenter ces modes de monétisation avant que le problème du piratage n’arrive massivement afin d’en tirer parti plutôt que de se positionner en victime imaginaire comme le fait l’industrie du disque, et de voir son industrie disparaître parce qu’elle n’a pas su trouver sa place dans un monde qui la dépasse et qui la tétanise, la rendant incapable de la moindre initiative.
Ainsi, et c’était le but de mon propos, les maison d’édition devront soit se reconvertir dans l’organisation de la monétisation des contenus, soit mourrir. Cette monétisation peut porter sur divers axes, mais elle vient à chaque fois après la connaissance de l’oeuvre de l’auteur, même si le travail des éditeurs peut commencer avant : c’est le travail de recommendation de contenus. Par exemple, l’exploitation de la dimension sociale pourra être une voie à explorer pour que divers personnes prennent connaissance de ces contenus.
Une fois les livres (gratuits au format numérique, vendus à un prix dérisoire au format papier) lus, ne restera plus aux éditeurs que de proposer aux lecteurs une prolongation de l’aventure littéraire : cette prolongation peut passer par des conférences, mais je pense que l’on peut également engager des ateliers de réflexion autour des idées développées dans le livre, ou des ateliers de ré-écriture de l’oeuvre, bref : la prolongation (seul moyen de monétiser le livre, je le rappelle) se fera pour une bonne partie dans le monde réelle, et passera par un échange visuel et direct avec l’auteur.
Si je liste ici ce qu’il est possible de faire, je noterai plusieurs exemple :
- La conférence autour des idées, etc. On peut voir aussi des cours d’histoire autour des événements relatés au cours de l’oeuvre.
- L’échange de points de vue avec l’auteur, ce autour d’une table (lien social avec l’auteur)
- La réécriture de nouvelles autour d’un roman (ce qui a été fait avec les aventures d’harry Potter, où JK Rowling commentait plus ou moins les aventures écrites par des fans).
- La visite des lieux décrits dans un roman (le Da Vinci Code a montré que cela fonctionnait bien). Plus largement, toute concrétisation dans le réel de ce qui a été utilisé dans l’oeuvre.
En bref : considérer que la participation du public à l’oeuvre de demain sera LA raison qui permettra à ce dernier de consacrer une part de son revenu aux créateurs. A ce propos, on peut imaginer des abonnements aux ateliers, eux même proposés et organisés par les maisons de disques (un espèce de système de Freemium permettant à qui s’abonne d’avoir le droit de participer aux différents colloques, visites et ateliers organisés autour de l’oeuvre).
Ainsi, si moi-même, complètement déconneté du monde de l’édition, je suis capable de trouver des vecteurs de monétisation de ces contenus, je ne comprendrais pas que des gens payés à temps plein et immergés dans ce monde ne trouvent pas.
Je me souviens de profs de fac qui avaient un modèle de monétisation consistant à écrire des livres en rapport avec leurs cours… Dans un amphi plein à craquer (les profs, quand ils sont doués, peuvent captiver un auditoire à la façon d’un acteur dans un one man show), cela leur assurait des ventes régulières… Pas con (et mérité, les profs auxquels je pense étaient vraiment doués et leur bouquins très bons)…
Il y a vraiment plein de truc à explorer 🙂
Louis, on compte sur toi pour le colloque sur le futur du livre à la rentrée 🙂
Je serais là 🙂
Par contre, pour l’instant, il ne me semble pas avoir vu de date précise…