Ils ont critiqué Vista. Et ils doivent le faire savoir.

J’ai trouvé cet article sur le site du New-York Times. L’ayant trouvé intéressant, je vous en donne une traduction.

Ils ont critiqué Vista. Et ils doivent le faire savoir.

Par RANDALL STROSS

UN an après la naissance de Windows Vista, pourquoi tant d’utilisateurs de Windows XP sont toujours réticents à faire la « mise à jour » ?

Microsoft en impute la responsabilité aux prix, qui, étant élevés, ont été dissuasifs. Le mois dernier, l’entreprise a donc baissé les prix au détail des packs Vista, tentant d’inciter ainsi les consommateurs à surmonter leurs réticences. Aux États-Unis, un utilisateur d’XP peut désormais acheter Vista Home Premium pour 129,95 $, au lieu de 159,95 $.

Il existe toutefois une autre théorie : la réputation Vista. Les utilisateurs XP ont entendu trop d’histoires au sujet des mises à niveau problématiques de Vista, de ses temps de chargements trop longs ou encore les problèmes de compatibilité ; tels que la puce graphique qui ne supporte les effets spéciaux de Vista (Aero) et les lacunes en terme de drivers, pilotes, ou logiciels d’exploitation des périphériques.

Quelqu’un peut-il me dire une nouvelle fois, pourquoi passer d’XP à Vista n’est qu’une simple « mise à jour »?

Voici une histoire parmi tant d’autres d’une migration vers Vista au début de l’année dernière qui tourna mal. Jon, ainsi que nous allons l’appeler pour le moment, fit migrer ses deux machines de XP à Vista. C’est alors qu’il découvre que les drivers Vista de son imprimante et de son scaner n’existent pas. Il doit donc conserver au moins une machine sous XP, seulement afin de pouvoir continuer à utiliser ses périphériques.

Et si Jon avait tout simplement de la malchance ? Il semblerait bien que non. Quand une autre personne, Steven entend parler des malheurs de Jon, il lui explique que de nombreux pilotes sont absents et ce dans toutes les catégories.

Et puis il ya Mike, qui fait l’acquisition d’un ordinateur portable portant le rassurant logo : « Windows Vista ». Il pense qu’il sera en mesure de faire fonctionner Vista dans son intégralité. Ses conclusions : «Personnellement, je me suis fait avoir. » Son nouveau portable – logo ou pas logo – ne possède pas la carte graphique nécessaire (voir : Vista Capable : un mensonge pour l’i915 ???)

Cependant il s’avère que Mike est loin d’être un novice. C’est un des vice-présidents de Microsoft Windows, il supervise la gestion des produits. Il s’agit de Mike Nash. Puis il y a Jon, qui de son côté est consterné d’apprendre que les pilotes dont il a besoin n’existent pas. Lui c’est Jon A. Shirley, un des membre du conseil d’administration de Microsoft et ancien chef d’exploitation. Et enfin Steven, qui rapporte que les pilotes manquants sont loin d’être un fait exceptionnel, n’est autre que Steven Sinofsky, le vice-président principal responsable de Windows.

Leurs remarques proviennent d’un échange de communications internes au sein de Microsoft en février 2007, après la sortie de Vista, qui était censé être un produit fini pour lequel les clients devaient payer un prix élevé. L’absence de drivers et les ordinateurs estampillés « bon pour Vista », alors qu’ils ne l’étaient, Vista a acquis dès sa sortie une certaine répution, résumée par ce mot : « associal ».

Nous n’avons pas souvent l’occasion d’entendre les frustrations concernant un produit windows de la part de hauts dirigeants de Microsoft. Mais la perte de documents internes à l’entreprise lors d’une action en justice contre Microsoft, en mars 2007 a été l’occasion de les découvrir. Les plaignants, Dianne Kelley et Kenneth Hansen, soutiennent que l’autocollant « Windows Vista Capable » apposé sur les PC achetés à la fin de 2006, soit avant la sortie de Vista, était trompeur, puisque la présence de ceux-ci ne garantissaient en aucun cas le fonctionnement de Vista ou de ces effets visuels.

Le mois dernier, la décision du juge Marsha Pechman A. statue la poursuite de la procédure, un procès est prévu en octobre. (Microsoft a fait appel la semaine dernière de cette décision.)

Toute personne qui a acheté un PC sur lequel Microsoft stipulait « Windows Vista » (à l’exclusion de « Premium Capable») est maintenant intégrée au procès. Le juge a également levé les scellés sur une cache de 200 messages e-mail et sur des rapports internes de Microsoft. Ces discussions datées de 2005 à 2007 portent sur la meilleure façon de commercialiser Vista.

Aujourd’hui, Microsoft se vante qu’il ya deux fois plus de pilotes disponibles pour Vista que lors de son lancement, mais les performances graphiques sont des problèmes qui demeurent. (Quand j’ai essayé la semaine dernière de prendre contact avec M. Shirley et les autres, au sujet de leur récente expérience avec Vista, David Bowermaster, un porte-parole de Microsoft, a dit qu’aucune des personnes nommée dans les e-mails ne ferait de commentaire en raison du procès en cours.)

Les messages ont été rendu publics de manière désordonnée, mais une fois l’ordre chronologique rétabli, il se joue devant nos yeux une tragédie en trois actes.

Acte 1: En 2005, Microsoft prévoit de dire que seuls les PC qui sont bien équipés pour faire face aux énormes besoins graphiques de Vista sont « Vista Ready ».

Acte 2 : Au début de 2006, Microsoft décide d’abandonner ces mentions afin d’éviter la baisse des ventes de Windows XP sur les machines bas de gamme, en attendant que Vista soit prêt. (Un client pouvait raisonablement conclure que Microsoft disait : Achetez maintenant, mettez à niveau plus tard.) Un ajustement sémantique est fait : au lieu de dire que le PC est « Vista Ready », ce qui pourrait exprimer l’idée qu’il est prêt à fonctionner sous Vista, le PC sera qualifié de « Vista », ce qui signale qu’aucunes promesses n’est faite quant au bon fonctionnement du nouveau système d’exploitaion.

Cette décision est accompagnée de beaucoup de contestation interne. La configuration matérielle minimale est si basse que «même un morceau de ferraille se qualifiera » si on reprend les mots de Anantha Kancherla, une gestionnaire de programme chez Microsoft issu d’un courriel interne, qui ajoute : «Ce serait une tragédie si on le permettait. « 

Acte 3 : En 2007, Vista est commercialisé en plusieurs versions, dont « Home Basic », à laquelle il manque les graphiques visuels spécifiques à Vista. Cela a placé les partenaires de Microsoft dans une situation embarrassante. Dell, dans une note inclue parmi les documents judiciaires, faisait sèchement remarquer à Microsoft que «Les clients ne comprenaient pas ce que la mention « Capable » signifiait et qu’ils attendaient plus qu’un simple « pourrait » ou « devrait » être livré ».

La messe était dite. En février 2006, après que Microsoft a renoncé à son plan visant à réserver le label « Vista Capable » seulement pour les PC les plus puissants, son personnel a essayé d’éviter le déluge de plaintes des clients au sujets des machines les moins puissantes. « Il serait beaucoup moins coûteux de faire ce qu’il faut pour le client maintenant […] plutôt que de dépenser des dollars sur leur dos afin de régler le problème « , a déclaré Robin Leonard, un responsable des ventes de Microsoft, dans un e-mail envoyé à ses supérieurs hiérarchiques.

Maintenant que Microsoft fait face à un recours collectif, seul un juge peut être a même de trancher. En attendant, comment Microsoft va-t-il pouvoir racheter sa crédibilité perdue?

Randall Stross est un auteur basé dans la Silicon Valley et un professeur de commerce à la San Jose State University. E-mail: stross@nytimes.com.

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