Je connais de nom Alain Chouet depuis la vidéo que j’avais publié ici d’une de ses interventions, dans laquelle il expliquait qu’Al Quaeda était morte en 2002, et que depuis, grosso modo, elle ne subsistait que grâce aux gens qui s’en réclamait, mais plus du tout comme une structure organisée avec les même moyens qu’au jour du 11 septembre. J’ai vu passer dans mon fil Twitter aujourd’hui le podcast de UltimaRatio_ d’une intervention d’Alain Chouet (que je n’ai pu écouter en direct, vu que je n’étais pas à ce séminaire). Pour faire court, voici ci-dessous son intervention.
Le réseau Haqqani et l’avenir du jihad international
Quel continuum entre Frères musulmans et terrorisme ?
L’intervention complète d’Alain Chouet
Les réponses d’Alain Chouet faites aux questions post-intervention
Le live-tweet de UltimaRatio_
Alain Chouet vient de publier un livre d’entretiens avec J. Guisnel, « Au cœur des services spéciaux »Alain Chouet (AC) : Le terrorisme islamiste reste une menace permanente pour le reste du mondeAC: 90% des responsables des mouvances radicales sont issus des Frères MusulmansAC: « L’offensive militaire de 2002 contre les Talibans était parfaitement légitime et justifiée »AC: Mais il aurait été prudent d’en rester là, et de traiter ensuite la menace terroriste comme une menace criminelleAC: La croisade décrétée par GW Bush donnait à certains groupes une légitimité injustifiéeAC: En voulant ne traiter le problème que sur le terrain des armes, l’Occident s’est fourvoyé et a renié ses propres valeursAC: Le traitement judiciaire « classique » du terrorisme aurait sans doute permis d’éviter toutes ces dérivesAC: Il fallait revenir aux véritables causes du jihad: ses origines idéologiques et financièresAC: Rien ne distingue Anders Breivik d’Oussama Ben Laden sur le plan de la psychologieAC: Et pourtant l’Occident a répondu avec deux poids deux mesuresAC: Rien ne distingue Anders Breivik d’Oussama Ben Laden sur le plan de la psychologieAC: Il fallait revenir aux véritables causes du jihad: ses origines idéologiques et financièresAC: Le traitement judiciaire « classique » du terrorisme aurait sans doute permis d’éviter toutes ces dérivesAC: En voulant ne traiter le problème que sur le terrain des armes, l’Occident s’est fourvoyé et a renié ses propres valeursAC: La croisade décrétée par GW Bush donnait à certains groupes une légitimité injustifiéeAC: Mais il aurait été prudent d’en rester là, et de traiter ensuite la menace terroriste comme une menace criminelleAC: « L’offensive militaire de 2002 contre les Talibans était parfaitement légitime et justifiée »AC: 90% des responsables des mouvances radicales sont issus des Frères MusulmansAlain Chouet (AC) : Le terrorisme islamiste reste une menace permanente pour le reste du mondeAlain Chouet vient de publier un livre d’entretiens avec J. Guisnel, « Au cœur des services spéciaux »AC: Il aurait été possible aux Américains de demander aux Pakistanais l’extradition d’Oussama Ben Laden afin de le jugerAC: Au lieu de frapper avec des drones et des forces spéciales, c’est aux réseaux financiers de la violence islamique qu’il faut s’attaquerAC: « Avec l’assassinat de Ben Laden, la vengeance a été assouvie, mais justice n’a été ni rendue ni faite »Fin de l’intervention d’Alain Chouet. Début du débat avec Marc Hecker (MH) de l’IfriMH: Le continuum que vous établissez entre les Frères Musulmans et Al Qaida est problématiqueMH: Faut-il considérer les Frères Musulmans et Al-Qaïda comme les deux faces d’une même pièce?AC: La confrérie dispose d’un commandement internationale ainsi que d’une organisation secrète chargée de mettre en œuvre la violenceAC: La dénonciation officielle d’AQ par les Frères Musulmans est un classique du crime organiséAC: La violence islamique fonction de manière rhizomatique, sans hiérarchie réelleAC: Le but a toujours été de créer une rupture entre le monde musulman et ses alliés occidentauxMH: Au regard de la répression saoudienne contre les radicaux, où se situe la limite dans ce double-jeu des monarchies du Golfe ?AC: S’il peut y avoir convergence d’intérêt, il faut garder en tête que les Saoud et les Frères Musulmans sont les pires ennemisMH: La guerre en Libye peut-elle renforcer le GISCL ou AQMI ?AC: AQMI n’a d’Al Qaida que le nom. Il s’agit de 99% d’AlgériensAC: AQMI est une bande de déserteurs et de trafiquants déstructurés, dont la principal activité est la piraterieAC: Quant au#GICL (Libye), c’est une création égyptienne qui s’est retourné contre son créateurAC: Aujourd’hui le gouverneur militaire de Tripoli est issu du GICL. Il est très présent dans les structures du CNTAC: Il y a beaucoup de points d’interrogations autour d’AQMI et de ses liens avec le pouvoir algérien.AC: Par ailleurs, il est logique qu’Al-Qaïda Central ait tout intérêt à accepter cette revendication.MH: Estimez-vous encore à ce jour que les Pakistanais ont « lâché » Ben Laden ?AC: Je maintiens cette position, il s’agit d’un jeu de dupes entre Américains et PakistanaisAC: La livraison de Ben Laden est intervenu au moment où sa possession devenait gênante pour la recomposition du nouveau paysage afghan#IfriMH: Pensez-vous qu’un retour au pouvoir des Talibans n’entraînerait pas un retour de la menace terroriste internationale ?AC: Les Talibans n’ont aucune vocation internationale. Elle leur a servit un temps puis a finit par leur porter préjudiceAC: Les Talibans n’ont plus aucun intérêt aujourd’hui à re-rentrer dans un système de connivence avec le jihadisme international.MH: Rappelons tout de même l’attentat manqué de Time Square revendiqué par les Taliban l’année dernièreAC: L’Afghanistan est occupé. Il faut y voir surtout une manifestation d’opposition international à la guerre actuelleSuite du débat avec Etienne de Duran (EDD)Etienne de Durand (EDD) : On n’a pas encore prononcé le nom du réseau Haqqani, aujourd’hui le plus actif et le plus violentEDD: Demain, les Talibans ne pourront pas se passer d’Haqqani, ni de l’ISI s’ils prennent le pouvoir demainAC: La question est de savoir où en est le jihadisme international et s’il a encore une utilité stratégiqueAC: Il s’agit aujourd’hui de montrer sa capacité d’action et d’exercice de la violence pour s’assurer une place dans l’Afghanistan de demainAC: Je continue de penser que les disciples de l’islam radical ne recherchent plus la vindicte internationaleEDD: Quelle alternative politique a-t-on aux Talibans en Afghanistan ?EDD: L’action clandestine a de grandes limites en terme d’antiterrorisme ? Notamment dans les zones non-gouvernées ? Somalie, Sahel?Camille Grand (CG) : Dans le même ordre d’idée, revenons sur la réponse militaireCG: : il faut reconnaître un relatif succès: absence d’attentats majeurs, disparition de ben Laden ?AC: Sur les moyens d’action clandestins, c’est vrai qu’il y a un choix à faire et qu’une réponse militaire est envisageableAC: A condition que la menace soit suffisamment organiséeCG: Malgré l’absence d’attentat il me semble que la menace est toujours présente, comment le faire passer dans le débat politique ?AC: le Livre Blanc de 2008 fait l’état des menaces à un instant t, or ces menaces évoluent.AC: Dans cette marche vers le pouvoir des islamistes (Printemps Arabe) on pourrait voir une résurgence de la menace violenteEDD: Les Israéliens se sont employés frapper sans penser à l’après, mais les succès tactiques ne débouchent que sur des échecs stratégiquesEDD: Faut-il adopter le modèle israélien ?AC: Israël fait ce qu’il peut dans un contexte difficile. Il lui faut gagner du temps et engranger les succès tactiquesAC: Israël ne pourra survivre entouré d’ennemis. Il lui faudra créer des systèmes de sécurité international dans le temps longAC: Contrairement à nous, Israël (comme ses voisins) savent jouer sur le temps longAC: Les Frères musulmans incarnent un véritable « fascisme vert »Fin du débat « on » – merci de nous avoir suivi sur twitter ! Retrouvez en le séminaire-sandwich en différé sur dailymotion.