Apple joue à quitte ou double avec les éditeurs de contenus sur l’iPad

Apple vient de faire un pari assez osé, à savoir d’obliger les éditeurs de contenus à passer par le système de paiement d’iTunes pour « vendre » leurs titres et abonnements (cf l’article de Numerama reproduit ci-dessous). C’est un pari vraiment osé car les éditeurs de contenus ne sont pas nés de la dernière pluie, et je ne serais pas étonné de les voir intenter moult actions en justice pour chercher la petite bête chez Apple, parce que la marque à la Pomme ne les laisse pas continuer leurs arnaques comme ils en avaient l’habitude. De surcroît, je pense que ces éditeurs ont plus d' »amis » puissants que Apple parmis les « gens qui décident », et donc que cela pourrait mettre de multiples bâtons dans les roues de Steve Jobs.

Le coup tenté est peut-être un peu trop gros, comme celui qu’avait tenté Google avec le Nexus One contre les opérateurs de téléphonie mobile (ce qui s’était soldé par un échec). Nous verrons si Apple a eu les reins assez solides face à la mafia des éditeurs, et même si Apple n’est pas blanc non plus, je serais assez content de voir ces éditeurs « tomber » une bonne fois pour toute.

L’article de Numérama :

Apple referme le piège sur les éditeurs de presse pour iPad

En dévoilant mardi le système d’abonnement et d’achat de contenus imposé aux éditeurs de presse sur iPad, Apple a refermé un piège qu’il avait tendu dès la sortie de la tablette tactile.

Apple a officialisé mardi le système d’abonnement qu’il propose aux éditeurs de journaux, magazines et autres contenus audio ou vidéo susceptibles de nourrir les applications vendues pour l’iPad ou l’iPhone (ou tout autre appareil iOS). Confirmant au passage son intention de bannir de l’App Store les applications qui proposent d’acquérir des contenus par d’autres moyens.

Le mois dernier, Le Monde avait affirmé qu’Apple souhaitait interdire les abonnements qui ne sont pas vendus par l’intermédiaire de l’App Store, avec une commission obligatoire de 30 % par transaction. En réalité, les éditeurs pourront toujours, officiellement, garder 100 % des abonnements qu’ils vendent via leur propre site. Mais pour s’assurer que les clients préfèrent passer par l’App Store, et donc pour prendre sa commission, la firme de Cupertino décrit dans un communiqué sa stratégie en deux étapes.

Tout d’abord, s’ils veulent continuer à avoir droit de cité sur l’App Store, les éditeurs de presse ont l’obligation de proposer sur leur application iOS le prix le moins cher de tous les abonnements numériques équivalents qu’ils proposent ailleurs. C’est l’adaptation par Apple de la clause de la nation la plus favorisée, bien connue du commerce international. La firme s’assure ainsi qu’elle aura toujours les abonnements les moins chers, ou en tout cas qu’ils ne seront pas plus chers sur iOS que sur les plateformes concurrentes (Android, Windows Mobile, WebOS,…), même dans le cas où ces dernières exigeraient une commission moins élevée voire nulle. Les journaux ne pourront pas répercuter la commission sur le prix payé par le consommateur, mais devront la déduire de leur marge. Les utilisateurs d’iPhone ou iPad, eux, n’auront aucune raison économique de préférer la concurrence, ou le propre site web de l’éditeur. Ils auront en revanche l’avantage de la simplicité pour préférer passer par l’App Store, où tous leurs abonnements se feront en un clic et pourront être gérés dans une même interface.

Par ailleurs, pour éviter que les éditeurs soient tout de même tentés de rediriger les clients vers leur site pour éviter de payer 30 % de commission, le communiqué précise que « les éditeurs ne pourront plus fournir de liens dans leur application (vers un site web, par exemple) qui permet au client d’acheter du contenu ou des abonnements en dehors de l’application« . L’utilisateur qui se trouve confortablement installé dans son univers iOS fermé à double tour ne doit pas être tenté d’en sortir. Telle une secte, Apple interdit de dire aux adeptes ce qui se passe à l’extérieur.

Apple mise sur le fait que l’iPad est déjà devenu indispensable à la presse, en grande partie par sa propre faute. Tous les journaux ont salué la sortie de la tablette tactile avec le même entrain, voyant en elle le sauveur d’une presse moribonde, sans se rendre compte qu’ils allaient droit dans la gueule du loup. Malin, tel une sirène attirant les pêcheurs, Steve Jobs avait su caresser les patrons de presse dans le sens du poil pour les séduire.

Dernier acte de la tragédie : Apple garde le très précieux fichiers des abonnés pour lui, en se réfugiant derrière la protection de la vie privée pour demander l’autorisation expresse à chaque abonné avant toute transmission à l’éditeur de ses noms, adresse e-mail et code postal.

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